Maman formée en communication et novice dans le monde des podcasts, Amandine Labissy s’est pourtant lancé en 2020 le défi de mettre sur pied son propre podcast sur l’allaitement maternel, appelé « J’allaite ».
Depuis plus d’un an, elle interviewe des mamans, des papas, des professionnels… de tous profils et tous horizons avec pour objectif principal le transfert d’informations auprès des jeunes parents.
Bonjour Amandine et merci d’avoir accepté cet échange. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Amandine. Je suis en couple depuis 6 ans avec Guillaume et ensemble, nous avons un petit garçon qui a maintenant 2 ans passés. Dans la vie, je suis également communicante. Je travaille à la base en tant que « Chargée de Communication & Evénementiel ».
Récemment, j’ai lancé un podcast sur l’allaitement maternel, un podcast inclusif, pour aider et renseigner les mamans et deuxièmes parents sur leur aventure lactée.
Je l’ai nommé tout simplement « J’allaite » !
Parlez-nous un peu de votre parcours !
J’ai un parcours un peu atypique.
J’ai commencé par un BTS Communication, qui normalement nous met directement dans le grand bain et dans le travail mais je n’étais pas prête, donc j’ai enchainé sur une licence professionnelle pour me spécialiser dans le graphisme et le design.
Après ça, j’ai suivi une formation professionnelle avec une spécialité dans l’enfance et la jeunesse, qui m’a appris comment communiquer auprès de ces cibles-là particulièrement.
Quand et comment l’idée d’un podcast sur l’allaitement est-elle née ?
Quand j’ai eu mon fils, c’était une période d’inactivité pour moi. J’étais au chômage et ça concordait avec la pandémie liée au Covid. Du coup, c’était un peu stressant de ne rien faire de stimulant intellectuellement. J’avais besoin d’avoir un projet pour moi.
C’était un peu la vogue des podcasts à ce moment-là. Vu que j’ai déjà eu un blog, je me suis dit « Allez, pourquoi ne pas se lancer un nouveau défi ? ». De là est venue la vraie question : d’accord, mais un podcast sur quoi ?
Il fallait que je trouve un sujet qui me botte et très vite, il y a eu le sujet de l’allaitement maternel. J’avais envie de faire un podcast lié à la parentalité parce que ça concordait avec l’arrivée de mon fils qui a été un grand chamboulement dans ma vie.
En matière d’allaitement, j’ai eu une expérience assez compliquée. J’ai allaité mon fils 4 mois. J’ai arrêté avec beaucoup de regrets et par défaut. Mon fils avait un RGO (reflux gastro-œsophagien) très fort. Il régurgitait énormément et pleurait beaucoup. Je devais donc le porter tout le temps pour le bercer, le consoler et lui éviter de souffrir.
Cela a entraîné beaucoup de fatigue pour moi, une baisse de la lactation et une perte de poids. J’étais désemparée face à ses pleurs et sa maladie et à 3 mois, j’étais à bout. Vers les 4 mois de mon fils j’ai décidé d’arrêter l’allaitement maternel parce que cela me coûtait beaucoup. J’étais vraiment arrivée au bout de mes forces et de mes capacités.
A ce moment-là, c’est la meilleure chose que je pouvais faire. Mais j’ai vite regretté.
Quand j’ai passé ce cap de la fatigue extrême et que son RGO s’est atténué, je me suis rendue compte que le fait d’allaiter me manquait énormément. C’était très dur à vivre, ça a vraiment été un deuil. Et je pense que quand j’ai eu l’idée du podcast, je n’avais pas encore fait mon deuil de cet allaitement. C’était encore très présent et très dur à vivre pour moi.
J’ai compris, grâce aux réseaux sociaux et aux personnes rencontrées pourquoi mon allaitement n’avait pas réussi et pourquoi j’en étais arrivée à ce point de fatigue. J’aurais aimé savoir tout ça avant, qu’on me le dise ! C’est là que ça a fait « tilt ». Il fallait que je fasse ce podcast sur l’allaitement pour aider les mamans, leur donner les bonnes informations et les renseigner, pour ne pas qu’elles vivent la même chose que moi.
Comment votre podcast se différencie-t-il des autres ?
J’ai voulu me différencier par un podcast d’allaitement maternel inclusif, c’est à dire que je n’interviewe pas que des mamans qui ont un allaitement long, réussi ou parfait, ni même que des mamans qui allaitent. J’interviewe aussi des mamans qui n’ont allaité que 3 semaines, qui ont « échoué » dans leur allaitement en expliquant pourquoi, qui ont donné le biberon… Le but c’est de dire qu’on a tous le choix et d’expliquer pourquoi on fait ce choix-là. Parfois on ne se rend pas compte mais derrière un biberon se cachent plein de raisons et on ne devrait pas juger les personnes.
J’interviewe aussi les papas (et les deuxièmes parents) pour leur donner la parole car ils sont très importants dans un allaitement. Ils sont vraiment des piliers pour la maman et le bébé.
Et puis, petit à petit, je me suis mise à interviewer des professionnels, pour vraiment donner des clés un peu plus précises aux parents qui écoutent.
Avoir des témoignages de parents c’est super, parce que cela permet de se projeter et de se retrouver dans les paroles des uns et des autres. Mais avec les témoignages de professionnels, l’idée c’est de renseigner au maximum les mamans et peut-être les amener à faire la démarche de consulter s’il y a besoin.
La deuxième chose pour laquelle je me démarque, c’est que je fais toujours un petit jeu à la fin d’un podcast avec les mamans et les papas, qui s’appelle le « pile ou face ». Je leur propose deux mots d’une thématique liée à l’allaitement, ils choisissent leur préférence en expliquant pourquoi. C’est souvent comme ça qu’on découvre leurs petites anecdotes !
Sans nous révéler tous vos secrets, comment se déroule la création d’un podcast ?
Je fais tout toute seule, parce qu’au début, j’ai fait face à un gros syndrome de l’imposteur. Je me demandais si vraiment je pouvais parler de ça, n’étant pas journaliste. Je me suis demandée pourquoi les gens m’écouteraient… Puis j’ai réalisé que je n’allais pas parler en tant que professionnelle, je n’allais pas renseigner les personnes moi-même. L’idée, c’était vraiment de partager l’information.
Au début, les enregistrements étaient un peu chaotiques. Il fallait trouver le bon équipement et les bonnes techniques… mais c’est vraiment différent maintenant !
J’ai aussi beaucoup évolué en un an puisque avant, je devais noter toutes les idées qui me venaient en tête pour avoir à l’avance de quoi rebondir… alors que maintenant, c’est beaucoup plus fluide et c’est super chouette !
Ensuite, je passe par des sites payants pour enregistrer car je souhaite vraiment une qualité de son. Donc j’utilise Squadcast. Et pour monter le podcast, je passe par le site gratuit Audacity.
J’ai également des collaborateurs sur Instagram car j’y partage tout mon contenu. Depuis quelques mois, mon podcast est thématique, avec un thème par mois assez général, comme par exemple l’allaitement non-écourté, le co-allaitement… Pendant un mois, j’interviewe des parents et des professionnels. Là, je suis en collaboration avec le compte Instagram @instantslibres, qui est une galerie virtuelle de photos d’allaitement. Le compte partage mon thème du mois pour permettre aux mamans de diffuser des photos sur ce thème. Du coup, on découvre des témoignages et des photos auxquels on n’aurait pas pensé.
La deuxième collaboration qui arrive pour la prochaine saison est encore liée aux thématiques. Comme c’est difficile de trouver des photos d’allaitement libres de droit sur internet, j’ai mis en place une collaboration avec la photographe Séverine Langlois dont le compte Instagram se nomme @dans_les_yeux_de_sev_. L’objectif est d’illustrer ensemble chaque thème du mois avec ses photos.
Combien de temps consacrez-vous à la création d’un épisode du podcast ? Arrivez-vous à en vivre ?
Tout d’abord, je définis l’idée du thème. Je prends quelques heures pour la recherche des personnes que je pourrais interviewer. Parfois, la personne me contacte directement en me proposant son histoire et son thème.
Ensuite, le démarchage est plus ou moins long en fonction de la personne.
Chaque enregistrement dure 2 heures, le montage dure 2 à 3 heures, puis 1 heure pour la communication.
Mais dans la globalité l’enregistrement s’étale sur plusieurs mois. C’est beaucoup de travail !
Pour l’instant, ce projet de podcast ne me génère pas de revenu. Je le fais avec plaisir et envie, donc je ne cherche pas à en faire une activité financière. Mais, c’est sûr que dans l’avenir, j’aimerais pouvoir me rembourser les dépenses dues au podcast, m’offrir un meilleur matériel…
Selon vous, quelles sont les principales problématiques qui existent autour de l’allaitement maternel ?
Il y en a tellement !
Pour moi, l’une des plus importantes problématiques est que l’allaitement n’est pas banalisé et qu’on considère encore trop souvent le sein comme un organe sexuel et non comme sa fonction primaire qui est de nourrir l’enfant. Donc la vision de l’allaitement maternel est très négative dans l’opinion publique.
La deuxième grosse problématique, à laquelle je fais d’ailleurs souvent face, c’est que les parents ne se renseignent pas assez avant d’avoir un enfant et de débuter un allaitement. Beaucoup partent du principe que cela va se faire naturellement, que c’est inné et que ça va couler de source… Ils se retrouvent alors face à des difficultés dès le départ, qui mettent à mal leur allaitement. Je trouve que les personnes les plus difficiles à « capter » ce sont les jeunes mamans, pour leur expliquer, sans leur faire peur, qu’il faut se renseigner et consulter à la moindre occasion.
Une dernière problématique qui me semble importante est que la société ne participe pas au renseignement de l’allaitement. C’est un sujet qui n’est pas évoqué ni par la société de manière générale, ni par le corps médical qui n’est pas assez formé et qui, bien souvent, va entretenir des mythes autour de l’allaitement maternel.
Si vous disposiez d’une baguette magique, que changeriez-vous en France pour faire évoluer les taux d’allaitement maternel ?
Alors cela rejoint les problématiques, car j’aimerais faire changer en premier l’opinion publique. Qu’ils arrêtent de penser que la femme s’expose lorsqu’elle allaite son enfant. Cela entraîne trop de négativité.
Un petit mot sur VanillaMilk ?
J’ai découvert VanillaMilk il y a un an lorsque j’ai créé le podcast et ce que j’aime beaucoup dans ce projet c’est qu’il cherche à renseigner les futurs et jeunes parents, les guider, les aider, les soutenir et les emmener vers les bons interlocuteurs, pour qu’ils puissent réussir leur allaitement.
C’est aussi chouette que ce projet s’intègre dans le milieu médical pour là encore renseigner et donner les bonnes clés.
Profil Instagram : @jallaite_podcast
