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Sommeil et allaitement maternel (2/2)

Deuxième partie de notre interview de Caroline Decré, infirmière puéricultrice et spécialiste du sommeil sur les thématiques sommeil et allaitement maternel.

Si vous avez manqué la première partie, c’est par ici !

Existe-t-il des bienfaits de l’allaitement sur le sommeil du bébé ? 

Effectivement. La nuit, le bébé va téter, s’endormir au sein, tout contre sa maman, ce qui crée une décharge d’ocytocine (l’hormone du bien-être, de l’attachement, de l’amour). Il va ainsi souvent s’endormir au sein complètement repu et dans un cocon de sécurité, de douceur, de confiance. C’est très positif pour un enfant et cela renforce le lien avec sa maman et contribue à la mise en place d’un sommeil très serein.

Je mets toujours aussi un bémol car il y a des mamans non allaitantes qui se demandent si elles peuvent aussi créer ce même type de lien avec leur bébé. Bien évidemment ! A travers le peau-à-peau, les câlins, les bisous…, il existe de nombreux autres moyens d’être avec son bébé et de lui donner de l’amour, de la confiance et de la sécurité.

Et sur le sommeil de la maman ?

Pour la maman, la tétée crée également une décharge d’ocytocine qui lui permet un endormissement beaucoup plus facile et un sommeil beaucoup plus reposant.

Les études le montrent : les mamans allaitantes ont proportionnellement beaucoup plus de sommeil réparateur et profond que les mamans non allaitantes. On voit aussi qu’il y a une connexion entre le rythme du bébé et le rythme de la maman. Les réveils nocturnes du bébé sont également bien vécus grâce à l’allaitement des premiers mois car il y a ce côté « je me réveille en même temps que mon bébé, je me rendors en même temps que lui et je récupère ».

Recommandez-vous la pratique du cododo pour la maman allaitante ?

Tout à fait tant que c’est un choix, tant qu’il est bien vécu et avec les bonnes informations !

Un bébé peut se réveiller les premiers mois toutes les heures et demi ou deux heures pour téter, puis les tétées s’espacent avec le temps. Le cododo permet d’éviter de se lever pour donner le sein et permet d’économiser son énergie. Le fait d’avoir cette proximité permet aussi de mieux caler son rythme avec celui de son bébé. 

Par contre, il faut que ce soit un choix. Il y a des mamans qui veulent pratiquer le cododo et qui se rendent compte qu’elles dorment très mal. Dès que leur bébé bouge certaines mamans ont tendance à être en hyper vigilance. C’est important de se rendre compte que si on est gênée, pas à l’aise et qu’on a tendance à sur-intervenir alors que le bébé est simplement en train de dormir, c’est dommage pour la suite.

Quand on vit le cododo et que ce n’est plus quelque chose de choisi mais de subi, c’est important de trouver un compromis

Quand on sent que les parents aimeraient retrouver leur lit et que l’enfant lutte en réagissant au changement, il faut ouvrir le dialogue avec lui et l’accompagner vers d’autres solutions d’endormissement

Il y a également la grande question « faut-il endormir son enfant au sein ou pas ?”

C’est en effet encore un grand sujet…

Quand je suis en consultation avec les parents, ils me demandent souvent si le fait d’endormir leur enfant au sein est bien ou mal et s’ils auraient dû faire autrement pour que leur enfant fasse ses nuits. Tant que c’est naturel, que c’est quelque chose qui paraît normal d’endormir son enfant au sein, qui est bien vécu et qui permet beaucoup de bénéfices, c’est super !

Et puis, il y a parfois un moment où on voit que l’enfant grandit et met de plus en plus de temps à s’endormir au sein, ça arrive vers huit ou neuf mois. Dans ces cas-là, le meilleur conseil que je puisse donner aux parents, c’est de s’écouter dans ce processus-là et de s’autoriser aussi à varier les méthodes d’endormissement. Il n’y a pas que le sein. Il peut y avoir les bercements, le portage, les câlins, la poussette etc, pour que l’enfant se dise qu’il n’y a pas qu’une seule voie vers le sommeil. Il faut oser faire à sa façon en tant que parents.

Je suis impressionnée de voir que lorsqu’on explique la démarche à l’enfant, et lorsque les parents sont en confiance avec ce qu’ils font, la situation se débloque. Cela peut passer par rester à côté du bébé,  lui chanter des petites chansons, s’allonger à côté de lui, le bercer…Certes l’enfant peut pleurer, mais s’il est accompagné par ses parents, en douceur, il s’apaisera rapidement.

Généralement c’est en essayant un peu tous les jours que ça se débloque. Et non avec un changement en force en laissant hurler son bébé dans son lit coûte que coûte. 

Lorsque les premières semaines (voire mois) sont difficiles, combien de consultations sont en général nécessaires pour résoudre des problèmes de sommeil ?

En général, je prends vraiment le temps de la première consultation qui dure alors souvent une bonne heure et demie. Je fais en sorte que les parents aient déjà beaucoup d’éléments pour avancer mais tout se passe aussi dans la prise de conscience, la réassurance et la mise en confiance des parents. Souvent, dès la première consultation, il y a des vraies étapes qui se passent. 

Ce qu’on commence à faire, c’est déjà travailler sur les rythmes des tétées dans la journée et les rituels du soir. On commence toujours par ça. C’est inutile de foncer tête baissée en voulant tout bouleverser en arrêtant les endormissements au sein. Jamais ! Ça se travaille d’abord toujours sur la journée, sur l’endormissement du soir et la nuit on continue les tétées. Dans une deuxième étape, on travaille sur les nuits et sur comment accompagner l’enfant selon ses besoins.

Comment se déroule une consultation ?

Les parents viennent (cela peut également se passer en visio) avec un agenda du sommeil qu’ils ont rempli une dizaine de jours avant le rendez-vous pour qu’on puisse évaluer ensemble le nombre de réveils nocturnes, leurs heures, s’il y a une régularité ou pas, le nombre de siestes et les temps d’éveil, etc. C’est un outil hyper important car ça permet de voir plein de choses.

Et voici comment se déroule généralement un accompagnement  :

  • On fait tout d’abord un premier état des lieux avec les parents sur la problématique actuelle, ce qu’ils vivent, où ils en sont, leur niveau d’état d’épuisement…
  • Ensuite, on va regarder les rythmes justement dans l’agenda du sommeil : le ou les rituels de l’enfant s’il y en a, si le rituel c’est 100% tétées ou s’il y a autre chose, comment s’endort l’enfant, si ce n’est qu’avec maman ou pas, combien de fois il se réveille…
  • Puis, on va échanger sur l’histoire de l’enfant, la grossesse, la naissance, la mise en route de l’allaitement…
  • Enfin, on va regarder l’histoire des parents car parfois il y a vraiment des choses qui se passent aussi dans notre propre histoire. C’est assez complet mais c’est très important car quand on s’occupe du sommeil il faut prendre le temps de voir tout cela au risque de passer à côté de  quelque chose.
  • A partir de là, j’évalue la cause avec les parents. Peut-être qu’il y a quelque chose au niveau médical à travailler donc peut-être qu’il faut aller voir un ORL, peut-être qu’il faut traiter un reflux, peut-être que l’enfant a mal… L’autre possibilité, c’est la cause émotionnelle : peut-être un nœud autour de la séparation, une angoisse de séparation… 
  • Après ce diagnostic, je pose toujours la question aux parents pour savoir s’ils sont d’accord avec ce que je propose, si ça leur parle, si les étapes qu’on met en place leur conviennent car c’est eux qui vont gérer à la maison. Pour moi, s’ils ne sont pas en confiance avec ce qu’ils font, l’enfant va le ressentir. On travaille donc vraiment en équipe avec l’enfant quel que soit son âge. On construit une prise en charge qui est vraiment très personnalisée en fonction de la problématique.

La liste d’attente pour un rendez-vous est parfois longue chez certains spécialistes… Pour aider les parents, existe-t-il des solutions temporaires à mettre en place en attendant le rendez-vous ?

Tout à fait. 

La première chose, c’est important que les parents puissent évaluer où ils en sont. Parfois il y a un stress venant de l’entourage avec des remarques comme « comment ça ton enfant ne fait pas ses nuits ?” ou “comment ça tu l’allaites encore ? ». Il faut vraiment essayer de se poser et de se demander si c’est ce que je veux : qu’est ce que je ressens ? Où est-ce que j’en suis niveau fatigue ?

Allaiter ne veut pas dire s’épuiser.

Selon ce premier état des lieux, les parents pourront se positionner en fonction de leurs besoins : 

  • Si les parents sont trop épuisés, c’est important qu’ils puissent s’autoriser à être en mode survie. C’est-à-dire ne pas lutter mais plutôt se dire « en ce moment, on n’a pas l’énergie suffisante. Tu vas donc (par exemple) dormir contre moi dans la chambre avec un matelas par terre”. On fait juste ce qu’on peut pour essayer de tenir un peu et retrouver un peu d’énergie et de sérénité.
  • Si ils se sentent prêts, ils pourront  accompagner leur enfant vers d’autres habitudes de sommeil. J’ai pour cela créé un accompagnement très complet sous forme de vidéos qui permet aux parents de s’approprier les changements, en confiance. Je donne énormément d’outils mais toujours sans méthodes rigides. Cet accompagnement permet également des rencontres en visio avec d’autres parents. C’est une façon d’avancer en douceur vers plus de sérénité.

S’il ne devait y en avoir qu’un, quel serait votre meilleur conseil à l’attention des futures mamans qui se préparent à allaiter leur bébé à venir ?

Je pense que, comme pour le sommeil, ce serait de s’informer auprès des bonnes personnes et de préparer son allaitement. 

On se prépare à l’accouchement mais pas vraiment à l’après et à l’allaitement alors qu’il est bien d’avoir des notions pour ne pas être complètement perdu au milieu du flot de conseils quand on arrive à la maternité. C’est super important et c’est là que ça se joue vraiment.

Donc bien s’informer auprès des bonnes personnes pour avoir plus confiance en soi au moment où ça arrive même si (et d’ailleurs surtout si) il y aura toujours des choses qui ne se passent pas comme prévu. Pour moi, la préparation est très importante.

Si vous disposiez d’une baguette magique, que changeriez-vous en France pour faire progresser les taux d’allaitement maternel ?

La formation des professionnels ! C’est ça le vrai problème. 

Les futurs et jeunes parents ont besoin d’être guidés, soutenus et chaque professionnel arrive avec des idées reçues du style « votre bébé a perdu du poids, il faut absolument qu’il prenne un complément » alors qu’il y a tellement d’autres solutions. Pour moi, c’est la formation des professionnels qui est à revoir pour que ceux-ci puissent mettre en confiance les parents et les guider avec un discours plus cohérent.

En ce moment, j’ai une amie qui vient d’être maman pour la deuxième fois. Elle n’a pas allaité son premier enfant et elle allaite son deuxième bébé, elle découvre tout toute seule. Je trouve cela dingue qu’on nous laisse comme ça dans la nature en nous disant simplement « si vous avez besoin, il y a tel ou tel professionnel ». 

L’allaitement devrait être encadré avec un parcours automatique, des consultations en allaitement qui soient mises en place et prises en charge par la sécurité sociale. Il y a un enjeu énorme autour de cet accompagnement des débuts. C’est là que tout se joue.

Un petit mot sur VanillaMilk ?

Vous contribuez vraiment à la préparation des futures mamans à allaiter. C’est génial !

Le site permet d’être un vrai lieu ressource. C’est vraiment ce qu’il faut aussi pour faire bouger les choses. Il faut avoir des lieux ressources comme le vôtre, des endroits identifiés pour que les mamans aient un réseau de professionnels, des témoignages, des mamans soutenantes, des informations claires et vraiment aidantes. On voit tout sur internet et c’est important d’aller choisir ses sources. C’est vraiment hyper précieux pour les familles allaitantes

Je vois de nombreuses mamans qui ne savent pas comment trouver de l’aide et votre carte permet de les aider.

L’interviewée

Caroline Decré
Infirmière puéricultrice et spécialiste du sommeil de l’enfant

Caroline Decré infirmière puericultrice et spécialiste du sommeil de l'enfant
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