Podcast « Mon allaitement, tout simplement »
Episode n°1
Maïlys, "lâcher-prise" pour allaiter sereinement
Synopsis :
Allaitée quand elle était bébé, Maïlys s’était toujours dit qu’elle allaiterait également quand elle deviendrait maman. Et c’est ce qu’elle fait à la naissance de sa fille Nola, malgré une grossesse difficile et un premier accouchement par césarienne.
Deux ans plus tard, la voilà de nouveau maman allaitante avec l’arrivée de sa petite Emilia. Loin d’être un long fleuve tranquille, l’allaitement de Maïlys sera même interrompu de manière imprévue quand elle doit être hospitalisée en urgence.
A ce moment-là, pour elle, une seule chose compte : pouvoir poursuivre son allaitement.
Déroulé de l'épisode :
00:00 - Introduction
02:13 - Le choix d’allaiter grâce à de bons échos
04:23 - Malgré un accouchement délicat, l’allaitement se passe bien
Mots-clés : placenta prævia, accouchement naturel, lâcher-prise, césarienne, tétée d’accueil
10:57 - Prise de marques lors du retour à la maison
Mots clés : Manque de lait, prise de poids, allaitement et travail, allaitement mixte
13:52 - Seconde grossesse surprise : Lâcher prise sur son déroulement
Mots clés : seconde grossesse, accouchement naturel, césarienne, soutien du papa, mise au sein
19:28 - Aide précieuse de la consultante en lactation IBCLC
Mots clés : problèmes de succion, douleurs, sage-femme, bouts de sein, consultation en allaitement, laisser faire, coquillages d’allaitement
25:04 - A 5 mois, reprise du travail à mi-temps, tire-lait le matin, et allaitement le reste du temps
26:00 - Hospitalisation et nouvelle organisation avec le papa
Mots clés : lait en poudre, retour à la maison, relactation
28:27 - Bilan de Maïlys sur ses 2 grossesses
Mots clés : lâcher prise, place du père, soutien
30:42 – Les conseils de Maïlys pour les futures mamans
Retranscription de l'épisode :
L'HISTOIRE DE MAïLYS
Je m'appelle Maïlys, j'ai 33 ans, j'ai deux petites filles : Nola qui a 3 ans et Emilia qui a 10 mois.
Avant d'être enceinte, je savais que je voulais allaiter parce que ma mère nous a allaitées, moi et mes deux sœurs. D'ailleurs, j'étais persuadée qu'elle nous avait allaitées longtemps et puis en posant des questions, j'ai appris qu'elle ne nous avait allaitées que quelques semaines. Elle en avait de bons souvenirs et nous en a parlé en bien, contrairement à ses récits accouchement qui n'étaient pas très glorieux. Mais, les allaitements étaient de bons souvenirs. Il est vrai que d'avoir ce beau retour d'expérience, ça m'a donné envie d'essayer tout simplement.
Donc lorsque j'étais enceinte je voulais toujours allaiter mais il est vrai que j'étais focalisée sur "comment préparer mon accouchement plutôt que "préparer mon allaitement". Les choses se sont enchaînées. J'ai vécu une grossesse pathologique avec l'abandon de mon projet d'accouchement naturel très rapidement.
Vers la fin de la grossesse, j'ai assisté à un cours de préparation à l'allaitement avec une sage-femme. Je n'ai pas cherché à me renseigner plus que cela, j'étais confiante, je me suis dit “ma mère a allaité, je vais allaiter”.
« Cela contredisait un peu les idées reçues qu’il y a parfois sur l'allaitement. »
Elle m'a tout de même donné un petit guide, comme un petit livret, qui m'a bien aidé car lorsque ma fille est née, ça n'a pas été évident de se rappeler de tout. Donc en suites de couche, on a lu ce guide moi puis mon conjoint, cela nous a beaucoup aidé car il y avait beaucoup d'informations. Cela contredisait un peu les idées reçues qu’il y a parfois sur l'allaitement et cela donnait des informations importantes que l'on ne connaît pas. Par exemple pour la montée de lait, il faut éviter les compléments le plus possible. Ce sont des petites informations comme ça que l'on n’a pas forcément au premier abord et qui m'ont aidée à lancer mon allaitement de manière plutôt efficace !
Pour ma première grossesse en début de deuxième trimestre, on m’a diagnostiqué un placenta praevia. Ce n'est pas très grave au début, parce que c'est quelque chose qui se résout habituellement au cours de la grossesse avec l'utérus qui grandit. Le placenta praevia, c'est le placenta qui recouvre le col, donc le bébé ne peut pas sortir et s’il ne bouge pas on doit faire une césarienne programmée.
Donc là, en l'occurrence, moi qui suis toujours très optimiste, je me suis dit qu'il allait bouger. Et puis on m'a dit “Madame, si vous avez des contractions, il faut consulter rapidement.”
Puis j'ai commencé à avoir des contractions, j'ai donc consulté, mais ces contractions ne s'arrêtaient pas malgré les traitements que l'on me donnait. Donc je suis rentrée aux urgences un soir et je ne suis plus sortie de l'hôpital jusqu’à la fin de ma grossesse.
Car non seulement le placenta praevia était toujours aussi previae, mais aussi parce que mes contractions ont duré quinze jours malgré les médicaments que l'on me donnait. Pendant quinze jours, dès que l'on arrêtait les médicaments, ça repartait. Après ces quinze jours, le placenta praevia étant un cas plus compliqué que la normale, ils ont décidé de me garder hospitalisée jusqu’à la césarienne.
« J’ai d'autant plus tenu à l'allaitement parce que ça, on ne pouvait pas me l'enlever finalement. »
Donc j'ai dû complètement abandonner mon projet d'accouchement naturel. J'ai changé de maternité, je suis passée de la petite maternité “cocooning” à l'hôpital de niveau 3, la “grande usine” avec toutes les grosses pathologies.
J'ai vécu dans cet hôpital pendant deux mois et demi, j’ai dû faire beaucoup de concessions sur ce que j'avais prévu à la base. Je suis quelqu'un qui est beaucoup dans le lâcher-prise, donc je me suis dit “c’est comme ça, c'est pas très grave” mais du coup j'ai d'autant plus tenu à l'allaitement parce que ça, on ne pouvait pas me l'enlever finalement, ce placenta praevia ne m’empêchait pas d'allaiter. Donc il est vrai qu'on dit qu'après une césarienne c'est un peu plus difficile d'allaiter”, mais moi la sage femme me dit que ce n'est pas du tout impossible, qu’il suffit de bien stimuler en mettant souvent le bébé au sein, et que la montée de lait se fera. Donc je suis partie gagnante là-dessus, et puis ça m'a aidé un petit peu à faire le deuil de cet accouchement qui n’était pas celui que j'aurais voulu.
-----
Nous sommes à l'avant-veille de la césarienne programmée et je sens des contractions. J'appelle comme d'habitude l'équipe qui m’administre des traitements. On est encore dans la prématurité ce jour-là mais 2 jours après on n'y est plus. Donc ils voulaient vraiment attendre que je sois à 37 semaines pour faire cette césarienne. Finalement les contractions ne s'arrêtant pas trop, ils me descendent en salle d'accouchement pour me surveiller un petit peu mieux et puis la décision se fait de faire la césarienne dans la foulée et enfin d'appeler mon conjoint pour qu'il vienne.
J'étais super contente parce que ça faisait tellement longtemps que j'étais à l'hôpital, je me suis dit “ Ca y est je vais enfin rencontrer mon bébé!”. Ma pathologie étant un peu compliquée, j'avais quand même peur qu'il se passe quelque chose, je n'étais pas sereine qu'elle soit encore en moi, je la sentais plus en sécurité à l'extérieur. La césarienne est mise en route, l'équipe est top, je connais tout le monde du coup parce que j'ai été là tellement longtemps. Et mon conjoint arrive puis ça se passe comme prévu : bébé sort, il part avec le papa. Ma césarienne se passe bien, le réveil se passe bien et puis je remonte en chambre, j'ai mon bébé, j'ai mon conjoint et je suis super contente !
-----
J'ai pu faire la tétée d'accueil en salle de réveil, c'était assez difficile parce que le contrecoup de l'anesthésie a été un peu dur physiquement. Je m'endormais complètement, j'étais proche de l'évanouissement... c'était vraiment incontrôlable. Quelqu'un est venu m'apporter mon bébé et m'a dit “Madame, c'est le moment pour la tétée d'accueil”.J'étais là “non, ce n'est pas possible, je ne peux pas.” et on me répondait “Mais non, ne vous inquiétez pas, on vous la tient bien, ça va aller”.
J'avais vraiment l'impression que j'allais la faire tomber. C'était vraiment dur à ce moment-là parce qu'il y avait mon instinct qui me disait “Non, ne le fais pas, ne le fais pas”... Puis finalement je l’ai fait, et au bout de 10 minutes, j'ai dit “Non, c'est bon, ça suffit” et donc le seul souvenir que j'ai vraiment, c'est d'avoir essayé de rester éveillée !
J’ai le souvenir d’une tétée quand mon conjoint est parti fumer et qu'on était que toutes les deux. D'un coup, j'ai réalisé qu'elle était là parce que c'est vrai qu’au moment de la césarienne, j'ai eu un moment de sidération genre “Ah, ça y est, il y a un bébé, ok”. Et là elle était vraiment là et c'était beau, j'ai eu d'un coup une décharge d'émotions, j'en ai pleuré de joie et ça ne m'arrive pas souvent de pleurer de joie. Donc c'était vraiment un très bon moment, on était seules toutes les deux, les yeux dans les yeux, ce que je n’avais pas eu à la naissance étant donné qu'elle est partie très rapidement avec le papa, c'était un peu comme une deuxième naissance en fait !
-----
Les tétées sont très fluides dès le départ, par contre je n’ai pas énormément de lait. La montée de lait se fait un petit peu attendre parce qu' il y a la césarienne et on me met un petit peu la pression à l'hôpital parce qu'elle perd du poids (bon comme tous les bébés). Mais bon voilà, il faut qu'elle reprenne bien du poids. Donc je me donne vraiment à fond pour la faire téter le plus possible. D'ailleurs, la première nuit je l'ai gardé avec moi dans mon lit et elle a tété je crois toutes les 45 minutes. J'étais là "c'est quoi cette nuit que je suis en train de passer ?“ mais en même temps j'étais tellement ravie de stimuler ma montée de lait avec toutes ces idées comme quoi "ça risquait d'être difficile avec la césarienne".
Donc oui, c'est plutôt fluide pour elle et moi, par contre quelques jours après, une fois que je suis rentrée chez moi, ma sage-femme se rend compte que je n'ai pas des masses de lait et la prise de poids est suffisante mais c'est pas non plus le top donc elle me conseille de rester vraiment couchée, de me reposer pour favoriser cette montée de lait et de rester en peau à peau avec mon bébé.
Du coup, j'abandonne tout ce que j'avais entrepris dans ma maison. On a passé quelques jours,vraiment en tête-à-tête, on a eu une petite lune de miel. On va rester au lit pendant plusieurs jours pour que ça se fasse au mieux pour elle. Et quelques jours plus tard, la sage-femme est revenue faire la pesée et m'a dit "champions du monde !“ et ces 3 mots ça remet un peps pas possible car ça a été intense et fatiguant, parfois un peu sensible, j’avais les tétons un peu douloureux. Mais d’entendre juste ces 3 mots, ça m'a vraiment mis un coup de boost pas possible, j'étais remontée à bloc !
Cela dure comme ça jusqu’à ma reprise du travail. J'avais pris un peu de congés donc je reprends le travail quand elle a quatre mois et demi et j'avais pour projet d’essayer d'allaiter même en travaillant, car je savais que c'était possible. Puis je me suis rendue compte dès mon premier jour au travail que ce n'était pas pour moi tout simplement : ça me prenait trop de temps, ça ne me convenait pas, après chacune y voit midi à sa porte mais moi personnellement c'était pas pour moi. Donc j'ai abandonné l'idée de tirer mon lait au travail après le premier jour et j'étais en paix avec cette idée parce que je savais que ça faisait partie des possibilités. Donc j'ai continué d'allaiter on va dire en mixte pendant peut-être 2-3 semaines, le temps que ça se tarisse puis la fin de notre aventure s'est arrêtée vers 5 mois je pense. Ça a été une très belle expérience qui a contribué au lien fort qu'on a eu très rapidement.
« J'avais pour projet d’essayer d'allaiter même en travaillant, car je savais que c'était possible. »
Pour moi c’était très clair que j’allais avoir d'autres enfants un jour et c'était évident que j'allais allaiter ces autres enfants aussi. Ce n'était même pas concevable que ça ne fonctionne pas étant donné que ça avait fonctionné une première fois, je me sentais un peu invincible alors que je savais que des difficultés pouvaient arriver. Je n'imaginais pas que ça pouvait m'arriver à moi et pourtant ça a été bizarrement un petit peu plus difficile avec Emilia.
En octobre 2018, je suis en pleine reconversion professionnelle et j'apprends que je suis enceinte, ce n’était pas du tout prévu. Je me dis “wow ok”, j'avais prévu d'avoir un deuxième bébé de toute manière, mais pas si vite parce que Nola à ce moment-là a 18 mois. Puis je me dis “Bon, allons-y !”.
-----
Cette deuxième grossesse se passe vraiment super bien. Pour le coup aucun problème, aucune pathologie, aucune inquiétude. Je suis suivie au minimum au niveau médical, je vois une sage-femme, je ne vois plus un gynécologque. C'est un suivi qui est très naturel avec de nouveau l’espoir d'un accouchement naturel. Cette fois-ci donc non seulement par voie basse, mais j'espère sans péridurale.
C'est vraiment une belle grossesse. Malgré le fait que je sois très occupée, j'ai plein de supers projets en tête, ça m’accompagne parfaitement parce qu'à ce moment-là, je suis en reconversion pour devenir “accompagnante à la naissance”. Donc durant cette grossesse, je suis mon propre cobaye en fait et j'essaye tout ce qui est possible d’essayer.
Cela a un peu impacté mes souhaits d'accouchement, disons que je me mettais plus la pression sur "comment réussir cet accouchement naturel" car j'avais l'idée qu'il fallait que je l'ai vécu pour mon avenir. Aujourd'hui je ne pense plus du tout pareil, mais je me suis vraiment mis la pression par rapport à ça. En même temps voilà, ça tombait tellement bien : ça m'a permis d' essayer plein de trucs et de vraiment les ressentir dans mon corps et dans mon esprit pour pouvoir en parler plus tard. Même si ce n'est pas que l'expérience personnelle qui est importante, c'était un cadeau cette grossesse !
« Une très belle expérience de couple aussi parce que mon conjoint a été un soutien indéfectible. »
Tout se profile bien pour mon accouchement, mis à part qu’on dépasse le terme mais l'hôpital ne me met pas la pression par rapport à ça et me dit “bon alors on surveille et tant que tout va bien on laisse faire”. Finalement le travail se déclenche naturellement quelques jours après le terme. Je me mets au travail, ça se passe super bien, c'est agréable, ça commence doucement. Pendant toute la matinée, j'ai un petit peu l'impression d'être comme si j'avais bu un verre de champagne, ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps en plus ! Et puis le travail s'installe doucement, c'est vraiment un moment et un souvenir vraiment très très agréable. Et puis je pars pour la maternité, là-bas je prends le bain, c'est en pleine nuit... c'est très chouette.
Mais le travail n'avance pas, mais alors pas du tout. Après 36h de travail, ils m'ont dit “bon on commence à être un peu inquiets, votre utérus a une cicatrice et ça serait bien d'aller faire une césarienne”. J’étais d'accord avec eux en fait, j'étais déjà découragée depuis un moment parce que 36 heures c’est long, moi j’étais épuisée au bout de 36 heures dans tous les cas donc finalement j'ai dit “oui ok faites, faites ce que vous voulez”. Et donc finalement Emilia, dont on ne connaissait pas le sexe, est née par césarienne aussi.
La césarienne se passe plutôt bien, à part que j'ai une grosse réaction à l'anesthésiant donc je suis prise de tremblements pendant toute la césarienne, j'ai un peu du mal à me contrôler et à me détendre. Mais une fois que Emilia est née, ces effets secondaires passent et donc au moment de sa naissance on me l'apporte, je regarde, je vois que c'est une petite fille encore. C’est vraiment un bon moment, j'ai crié “j'ai deux petites filles !”, j'étais vraiment ravie. Et malgré cette fin un petit peu en “queue de poisson”, je garde un excellent souvenir de cet accouchement. Parce que ce n'est pas que la fin, l’accouchement, c’est toutes ces 36 heures qui ont été intenses et très belles. Une très belle expérience de couple aussi parce que mon conjoint a été un soutien indéfectible. Et puis il a aussi été beaucoup lui-même, il s'est endormi à un moment je n’arrivais même plus à le réveiller. Donc c’est vraiment un très très beau souvenir malgré tout.
Suite à cette césarienne, je suis beaucoup plus en forme que la première fois. Je me retrouve en salle de réveil, c'est très différent parce que là c'est une césarienne en pleine nuit. Il n’y a personne en salle de réveil, ils accordent que mon conjoint et ma fille soient là en salle de réveil pendant tout le long. On a donc eu droit à ce moment où on est tous les 3 dans notre bulle et c'est vraiment un merveilleux souvenir. La puéricultrice m'amène Emilia et m’aide pour la mise au sein. C'est vrai que je me sentais un peu pataude, un petit peu rouillée sur mes acquis à ce moment-là, et un petit peu endormie puisqu’on venait de m’opérer.
On me la met au sein puis là on voit qu’elle se débrouille comme un chef, elle déglutit “comme une gloutonne”, on est trop contents et ça se passe vraiment super bien. C'est notre premier moment toutes les 2, notre premier moment tous les 3 et c'est vraiment très très beau.
-----
Malheureusement ça ne se déroule pas aussi facilement qu'avec Nola. Je m'y attendais pas du tout comme je disais tout à l'heure. Je me rends compte assez rapidement qu’il y a un souci au niveau de la succion. La langue claque quand elle tête sur un sein et pas l'autre. Et elle me fait mal en fait, assez rapidement j'ai des douleurs qui deviennent assez insupportables. J'ai des crevasses, donc des saignements sur les mamelons. Et là par contre, de par mon évolution professionnelle, je sais très bien que s'il y a des saignements c'est qu'il y a un souci quelque part et à la maternité je n'arrive pas à me faire entendre par rapport à ça. Donc je leur dis qu’il y a un soucis :
“Est-ce que vous pouvez regarder pour la succion ? On dirait qu'elle n'ouvre pas assez la bouche. "Ah non, non, ça va. Si vous avez mal, mettez de la crème”.
« Je n'ai pas le réflexe d'appeler une consultante en lactation pour faire tout simplement une visite à l'hôpital. »
Je me dis “Oui, bon bah merci mais c'est de la crème, faudrait essayer de trouver la cause” et pendant les jours qui suivent je n'arrive pas à avoir d’aide là dessus. Et je n'ai pas le réflexe d'appeler une consultante en lactation pour faire tout simplement une visite à l'hôpital, parce qu'elle se déplace, mais ça ne m'est même pas venu à l'esprit. J'ai demandé à voir la consultante en lactation de l'hôpital, elle n' était pas là. Du coup il a fallu que je serre les dents littéralement pour pouvoir sortir de l'hôpital et aller très rapidement consulter quelqu'un, parce que j'étais certaine que ça pouvait se résoudre mais j'avais besoin d'aide, je ne pouvais pas le résoudre seule.
Cela pouvait être plusieurs choses, ça peut être des freins, ça pouvait être des tensions, une visite chez l’ostéopathe… mais j'étais incapable de diagnostiquer ça moi-même et du coup il a fallu que j'attende. J'ai mis des bouts de sein au bout d'un moment pour qu'elle continue à téter parce que, en pleine nuit, elle voulait téter et je ne voulais plus qu'elle tête en fait. Là, je me suis dit “non ça va pas le faire, si tu l’allaites pas elle ne va pas prendre de poids et donc on ne va pas pouvoir sortir”. Du coup, j’ai mis les bouts de sein et ça a fonctionné : à la visite de sortie, elle a une prise de poids qui est très bonne, et le pédiatre me dit “ça se passe super bien votre allaitement”, donc je dis rien et je pars avec mon bébé sous le bras vite pour aller consulter !
Cette consultation a résolu les problèmes qu'on avait mais nous a également apportés une part d'apprentissage. Le fait d'être à la maison m'a aidé, de passer les premiers jours de fatigue, j'ai pu un petit peu me focaliser sur les ressources que j'avais et regarder des vidéos et puis voilà il y a eu cet apprentissage puis il y a eu la consultation et tout est rentré dans l'ordre au bout d'un moment. Mais c'est vrai qu'il y a eu vraiment beaucoup de douleurs au début.
« J'ai essayé un accessoire que je recommande au monde entier : les coquillages d'allaitement. »
Pendant la consultation, elle a identifié qu'il y avait des freins restrictifs dans la bouche : un frein un peu restrictif sous la langue et celui de la lèvre supérieure aussi. Ce qui se passe, c'est qu'ils établissent un score selon la mobilité des lèvres, de la langue, la succion... Elle avait un score où elle était pile au milieu. Ce n'est pas top mais ça ne veut pas forcément dire "intervention". De ce fait, elle nous a recommandé de prendre du temps parce que le temps que j'ai ma consultation (ça avait peut-être pris deux jours) la succion allait déjà bien mieux. Elle nous a tout de même conseillés d'attendre afin de voir venir, parce qu' une ablation des freins, ce n'est pas rien, il y a tout un suivi derrière où il faut faire des massages jours et nuits pour que ça se rétablisse bien. Donc on a décidé de laisser faire et ça s'est résolu tout seul. Mais psychologiquement, sans cette consultation, je ne sais pas si j'aurais continué parce que la perspective de continuer dans les douleurs sans savoir où on va, ça c'était très difficile. Donc de voir vraiment que ça s'améliore et que ce soit validé par un professionnel, ça m'a beaucoup aidée.
Grosso modo, j’ai dû avoir des douleurs pendant une semaine je pense. Ça s'est estompé assez rapidement et j'ai essayé un accessoire que je recommande au monde entier, ce sont les coquillages d'allaitement. Ce sont des petits coquillages que l'on met sur les mamelons et cela permet une cicatrisation vraiment rapide parce que le mamelon reste dans un milieu humide. Ça m'a soulagée, c'était impressionnant. On m’en avait parlé et je n'en avais pas, je me suis dit “il faut absolument que je trouve quelque chose de similaire le temps de les recevoir”. J’ai utilisé des cuillères à soupe que j'ai appliquées sur mes mamelons. Elles étaient fraîches. Je mettais de la crème à la lanoline dedans et ça permettait garder la crème sur les mamelons et ça cicatrisait. En moins de 24h, il n'y avait presque plus rien. Donc voilà, prévoir des petits coquillages d'allaitement dans son sac de maternité pour le prochain !
-----
Ce deuxième allaitement a conditionné quelque peu mon retour au travail dans le sens où je décide de prendre un petit temps de congés parental à temps plein, et de ne reprendre qu'au bout de quelques temps qu’à mi-temps.
De manière à ce que ça fasse une tétée avec son père, j'ai besoin de tirer mon lait qu'une fois, que ce soit pas au travail, donc je tire mon lait le matin avant de partir. Il lui donne quand je ne suis pas là et quand je reviens elle tète à nouveau avec moi.
Elle a 5 mois quand je reprends mais cette fois-ci à mi-temps. Cela me permet de continuer à l’allaiter exclusivement pendant six mois jusqu’à la diversification. Donc à 6 mois, elle commence à manger des solides, je continue à l'allaiter toujours presque autant parce qu'au tout début ça ne mange pas beaucoup.
J’aurais voulu continuer à l'allaiter jusqu’à... je ne me donnais pas vraiment d'échéance mais j'avais cette idée que jusqu’à un an c'était pas mal. Quand elle a eu 8 mois, j'ai été hospitalisée d'urgence. Et ne sachant pas combien de temps ça allait durer au début (j'ai été hospitalisée quelques jours), après j'en suis sortie, puis j'y suis retournée en urgence catastrophique... donc j'espérais pouvoir maintenir mon allaitement. Je criais à qui voulait bien l'entendre à l'hôpital que j'allaitais, qu'il fallait que je rentre chez moi le plus tôt possible et qu'on me donne pas de médicaments incompatibles avec l'allaitement.
C'était vraiment ma priorité. Et puis en fait, ça a duré plus de trois semaines donc j'ai progressivement compris que que ça n’allait pas être aussi facile que ça. J'ai vu que ma lactation baissait, j'avais pas nécessairement le matériel pour maintenir ma lactation ni le moral pour le faire.
Très rapidement, elle a été mise au lait infantile à la maison parce qu'il n’y avait plus de stock de lait maternel au congélateur après deux jours. J'ai un peu lâché prise et je me suis dit “on verra bien comment ça se passe”. Au bout de ces 3 semaines et demi, je sors enfin de l'hôpital. j'ai eu une grosse opération, je suis très fatiguée et je me dis "heureusement que je n'ai pas maintenu ma lactation" parce qu'en post-op, j'ai été 24h sans pouvoir bouger de mon lit. Je ne sais pas comment j'aurais fait pour tirer mon lait dans tous les cas si j'avais eu des engorgements enfin bon… Finalement l'un dans l'autre c'était pas plus mal comme ça. Je rentre donc chez moi au bout de 3 semaines et demi, je suis encore un peu en vrac et je décide de remettre Emilia au sein dès que je finis mes derniers médicaments incompatibles à l'allaitement. Elle ne sait plus trop ce que c'est à ce moment-là, il y a un moment de flottement. Je finis par arriver à la mettre au sein, à faire sortir un petit peu de lait pour qu'elle se rappelle de l'odeur. Et puis quand elle prend le sein, là par contre, ça repart comme avant. Une fois qu'elle a dans la bouche “ah oui, c'était ça !” et à partir de ce moment-là, je continue à l'allaiter on va dire pour le plaisir.
« J'ai un moto qui est “s'inquiéter, c'est souffrir deux fois !“ »
Tout ne s'est pas passé exactement comme je l'avais prévu, que ce soit pour ma première grossesse, pour mes accouchements, pour l'allaitement d'Emilia qui a été un petit peu un caillouteux au début et qui a été contrarié sur la fin. Mais c'est vrai que je suis quelqu'un qui est beaucoup dans le lâcher prise parce que, en fait, ça sert à rien de s'inquiéter pour une situation contre laquelle on ne peut rien finalement. J'ai un moto qui est “s'inquiéter, c'est souffrir deux fois” donc j'essaie de ne pas m'inquiéter sur les choses sur lesquelles je n'ai pas prise. J'essaie de voir le côté positif des choses. C'est-à-dire qu'on a eu de belles expériences d'allaitement, de belles expériences d’accouchement même si ce n'était pas ce que j'avais prévu au début.
-----
Mon conjoint n’est pas quelqu'un qui a été materné. En fait, il ne connaît même pas sa mère aujourd'hui donc l'allaitement ne faisait pas du tout parti de son schéma. Donc quand je lui ai dit que je voulais allaiter il me disait “Oh ouais, ok, pourquoi pas”... du coup je l'ai impliqué dans la maternité, il s'est renseigné avec moi et a lu le guide. Et c'est vrai qu’à partir de là, il s'est vraiment senti responsable. Il était écrit dans le guide à quoi peuvent servir les papa pendant l’allaitement. Et il a vraiment pris ça très à cœur de favoriser des moments d'intimité pour moi, de réguler les visites extérieures pour que j'ai le temps d'allaiter, que je n'ai pas besoin de me déshabiller devant d'autres personnes. Et le fait qu'il ait autant de connaissances que moi sur ce premier allaitement, ça lui a permis de de me faire des remarques et des suggestions qui étaient pertinentes. Quand j'ai eu des difficultés, quand j'ai été découragée, j'avais pas besoin de réexpliquer et de devoir lui dire “mais non, ça on peut pas le faire parce que ci, parce que ça” mais en fait il avait les mêmes connaissances que moi et il a été un soutien extraordinaire.
-----
Si j'avais un conseil à donner aux futures mamans, déjà pour faire son choix, d’essayer de s'entourer de personnes qui vont leur donner des informations qui ne sont pas biaisées sur l'allaitement. Avoir vraiment les vrais “pour” et les vrais “contre”.
« Impliquer (les papas) dans le projet afin qu'ils puissent être un soutien durant l'allaitement. »
Parce que oui cela demande de la disponibilité et il faut le savoir avant pour qu'il n'y ait pas ensuite une espèce de culpabilité car notre choix a été orienté. Donc vraiment bien s'entourer : si on a décidé d'allaiter, avoir le numéro de téléphone d'une conseillère en lactation dans la poche et l'appeler aux premières difficultés. Surtout ne pas laisser les difficultés s'installer. Si le conjoint dit “oh moi je ne saurais pas quoi faire si tu allaites, quand est-ce que moi je vais avoir le bébé, qu’est-ce-que je vais pouvoir faire avec ?” et bien de les impliquer dans le projet afin qu'ils puissent être un soutien durant l'allaitement. S'ils ont envie de passer vraiment beaucoup de temps avec leur bébé, leur suggérer d'apprendre le portage en écharpe. C'est très chouette aussi pour les papas!
CONCLUSION
Avec Maïlys, vous avez découvert des moments d’allaitement, parfois compliqués, parfois perturbés. Vous avez entrevu l’impact du lâcher-prise. Et vous avez aussi certainement senti le bonheur éprouvé par cette expérience de partage entre une maman et son bébé.
Dans le prochain épisode, c’est Laura qui nous racontera comment son choix d’allaiter a évolué au fur et à mesure de sa grossesse.
Si cet épisode vous a touché, informé ou même aidé, vous pouvez nous soutenir en nous laissant des commentaires et des étoiles sur vos applications de podcasts.
« Mon allaitement tout simplement » est une série de podcasts de VanillaMilk produite par Fleur Chrétien.
Les autres épisodes
Episode 2 - Laura, "Je ne souhaitais pas allaiter..."
Mots-clés : grossesse alitée, tétée d'accueil, bracelet d'allaitement, césarienne, montée de lait, choix assumé, soutien du conjoint, discours contradictoires
Episode 3 - Aurélie, allaiter à tout prix
Mots-clés : accouchement naturel, péridurale, téterelles, nounou, coquillages d'allaitement, allaitement à la demande, allaitement mixte, allaitement long, douleurs
Episode 4 - Johanna, apprendre à allaiter avec l'expérience
Mots-clés : néonatologie, DAL, bouts de sein, accouchement déclenché, babyblues, consultante en lactation, frein de langue, hypertension
Episode 5 - Myrèse, mon l'allaitement dans les années 50
Mots-clés : aménorrhée, nausées, accouchement à domicile, pompiers, soutien du papa, lâcher-prise, naturel, pas de pression
Episode 6 - Cynthia, le bonheur d'un allaitement réussi (après un premier échec)
Mots-clés : manque de soutien, manque de préparation, professionnel soignant, association, fatigue, allaitement exclusif, allaitement mixte, reprise du travail