Podcast « Mon allaitement, tout simplement »
Episode n°6
Cynthia, le bonheur d'un allaitement réussi (après un échec)
Synopsis :
Après une grossesse parfaite, Cynthia s’attendait à ce que tout se déroule naturellement pour la suite de son aventure de maternité. Elle sort malheureusement épuisée de son premier accouchement et vient ensuite un moment d’angoisse lors de la tétée d’accueil. Traumatisée, Cynthia décide d’interrompre son allaitement. Elle retente pourtant l’expérience quelques années plus tard à la naissance de sa deuxième fille.
Déroulé de l'épisode :
00:00 - Introduction
01:44 – Pas d’avis particulier sur l’allaitement
Mots clés : pas de préparation, informations basiques, allaitement naturel et inné
04:08 – Son premier accouchement
Mots clés : fatigue, tétée de bienvenue, délaissement de la maman
05:44 – Les débuts de l’allaitement
Mots clés : accompagnement décevant, manque de soutien, montée de lait, culpabilité, échec
09:40 – Son envie d’allaiter pour le second bébé
Mots clés : résilience, préparation, association de soutien, lectures, ressenti personnel
13:50 – La seconde grossesse et l’accouchement
Mots clés : mise au sein, complicité, projet, aboutissement, écoute
15:43– Son second allaitement
Mots clés : fatigue, entourage intrusif, allaitement mixte, allaitement exclusif, reprise du travail
21:02 – Les conseils de Cynthia pour les futures mamans
Retranscription de l'épisode :
L'HISTOIRE DE CYNTHIA
J'ai 39 ans, j'ai 2 enfants : ma première a 9 ans, la seconde 3 ans, et je m'appelle Cynthia.
Avant ma maternité, je n'avais pas précisément de posture sur l'allaitement puisque autour de moi personne n'avait allaité. Bien entendu, je savais ce qu'était l'allaitement, mais je n'avais pas d'illustration.
« Lors de la préparation à l'allaitement, toute la partie émotionnelle et de doutes qu'on peut avoir n'a pas été abordée. »
Quand je suis tombée enceinte de ma première fille, c'est lors de la préparation à l'accouchement où on a abordé le sujet de l'allaitement, en tout cas de l'alimentation du nourrisson, que j'ai pris plus ou moins la décision d'allaiter. Cette décision a mûri au fil du temps, comme un désir de bien faire, de bien nourrir mon enfant. Mais sur lequel, en fait, je ne m'étais pas plus que ça préparée. Je n'avais que le cours de préparation à l'accouchement.
Lors de la préparation à l'accouchement, le cours qui portait sur l'allaitement maternel était très succinct. Simplement les petits basiques du style “C'est bien pour l'enfant. Tous les nutriments sont à l'intérieur. Il faut vraiment allaiter l'enfant si on peut le faire”. Il y avait quelques positions mais basiques, qu'on peut retrouver partout, comme la position du ballon de rugby.
Mais le sujet qui n'avait pas été abordé c'était “les premiers temps”. Comment on peut vivre ces premiers temps ? Pas uniquement la mise au sein avec la prise du nourrisson, mais vraiment comment nous, en tant que maman, on se ressent. Est-ce qu'on va être fatiguée ? Est-ce qu'on va être en forme ? Est-ce que ça va bien se passer ? Toute la partie émotionnelle et de doutes qu'on peut avoir n'avait pas été abordée en tout cas.
« Je ne m'étais pas plus renseignée sur le sujet puisque on me disait que c'était naturel. »
Mon premier allaitement, je me suis préparée, on va dire, très succinctement puisque finalement on m'avait tellement dit que c'était naturel et que ça allait arriver tout seul, que je n'avais pas prévu vraiment grand-chose. Oui, le petit coussin d'allaitement pour positionner le bébé, la crème éventuellement pour les crevasses, mais uniquement ça ! Je ne m'étais pas plus renseignée sur le sujet puisque on me disait que c'était naturel. Donc je m'attendais à ce que ça soit très facile.
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Mon premier accouchement ne s'est pas très bien passé. Le début du travail s'est déroulé normalement. Puis au fur et à mesure, la prise en charge médicale a été un petit peu plus compliquée. L'accouchement, en tout cas le travail, a duré 13 heures. A la fin, j'étais vraiment épuisée. L’enfant est sorti et on m’a laissée un petit peu toute seule. C'est-à-dire qu'une fois que ma fille est née, on me l'a posée sur le corps et on m'a dit “Bon voilà, vous avez bien travaillé”.
Je me suis retrouvée dans la salle d'accouchement seule avec ma fille qui cherchait justement à téter. Je n'étais pas dans la bonne position puisque j'étais allongée. J'avais plus du tout de force parce que j'étais épuisée par les 13 heures de travail. La péridurale était très très forte donc du coup je ne sentais pas le bas de mon corps.
« Personne ne s'est inquiété de savoir si ça m'avait perturbé d'avoir presque étouffé ma fille ! »
Et quand je l’ai mise au sein, je m’y suis très mal prise et je lui obstruais la voie nasale. Elle est devenue toute bleue en l'espace de très très peu de temps. Ce qui m'a un peu perturbée puisque je me suis mise à crier pour que quelqu'un vienne m'aider. On m'a repris ma fille, justement pour l'aérer, puisqu’en fait, j'étais carrément en train de l'étouffer. Ensuite, on m'a mis dans le fauteuil roulant et on m'a amené dans la chambre, sans plus d'explication. Personne ne s'est inquiété de savoir si ça m'avait perturbé d'avoir presque étouffé ma fille.
Quand je retourne dans la chambre, j'attends patiemment ma fille qui arrive assez rapidement. On pousse le petit couffin avec mon bébé à l'intérieur et on me dit “tout va bien, il faudra lui donner à manger. Donc quand elle voudra manger, vous nous appellerez”. Mais ma fille n’était pas du tout endormie donc je m'attendais à ce que le conseil et la mise en pratique arrivent de suite. Pas du tout. Donc, comme j'étais un petit peu perturbée (c'était mon premier accouchement), je les ai suivis. J'ai écouté vraiment ce qu'ils me disaient. Et j'ai attendu que ma fille se mette à hurler de faim pour pouvoir lui donner le sein.
« Elle a attrapé mon téton pour pouvoir le donner à l'enfant pour faire sortir le lait : ça faisait hyper mal ! »
Et là, ça s'est plus ou moins bien passé. Hormis le fait que j'avais vraiment peur de recommencer le même schéma et de l'étouffer, j'ai appelé la sage femme pour qu'elle puisse venir me conseiller. J'ai été très mal accompagnée puisqu'on m’a dit “mais c'est très facile, vous mettez l'enfant au sein et puis vous faites comme ça”. Elle a attrapé mon téton pour pouvoir le donner à l'enfant pour faire sortir le lait : ça faisait hyper mal ! C'était vraiment pas le geste auquel je m'attendais. Je m'attendais vraiment à un accompagnement en douceur et j'ai trouvé ça très brutal. Ça ne m'a pas du tout conforté dans le fait de vouloir continuer l'allaitement. C'est d'ailleurs la décision que j'ai prise. Je leur ai dit que je ne voulais plus et juste quand j'ai émis cette hypothèse de ne pas poursuivre mon allaitement, ils m'ont proposé le cachet pour arrêter les montées de lait.
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J'étais vraiment fatiguée : il faut vraiment comprendre les 13 heures de travail. C'était mon premier bébé et une première tentative où le bébé a failli être étouffé. Voilà, je n'ai pas du tout été accompagnée donc je pense que, sur un coup de tête (en tout cas c'est ce que je ressentais à l'instant où j'ai émis l'affirmation d'arrêter l'allaitement), on ne m'a pas plus expliqué que ça. On n'a pas essayé de chercher le pourquoi du comment. On n'a pas approfondi. On m'a donné un cachet et on m’a dit “c'est bon, ne vous inquiétez pas”. Et peut-être 5 minutes après, j'avais un bibi de lait qui m’attendait pour donner à manger à Tessa.
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Je ressens à ce moment-là une grosse déception parce qu'on a envie que tout se passe bien. Je m'attendais à un accouchement idéal, je m'attendais à un bébé splendide, en pleine forme, qui tète de d'elle-même de suite… Alors oui, mon bébé était splendide. Elle était en pleine forme sauf que l'allaitement je n'y étais pas du tout préparée, en tout cas pas assez, donc oui ça a été un énorme échec.
« Ce que je ne savais pas à l'époque c'est que j'aurais pu reprendre l'allaitement. »
Surtout que par la suite, mon enfant a eu pas mal de soucis de digestion. Du coup, je me suis sentie coupable de ne pas avoir poursuivi cet allaitement qui aurait pu épargner beaucoup de petits maux de digestion puisqu'elle était allergique au lait de vache. Le lait artificiel n'a pas aidé et ça a été diagnostiqué au bout de 3 mois. Donc j’ai passé les 3 premiers mois dans une situation assez délicate avec un enfant qui pleure, qui ne veut pas s'alimenter, qui quand il s’alimente, régurgite l'intégralité du lait. Donc oui effectivement, pendant ces 3 mois là il y a eu vraiment un doute. Ce que je ne savais pas à l'époque c'est que j'aurais pu reprendre l'allaitement et personne ne me l'avait dit. Je pense que, avec le recul, j'aurais repris l'allaitement. Je ne serais pas restée sur un échec. Et vraiment émotionnellement, ça a été quelque chose de très très dur pour moi.
Quand j'ai su que j'étais enceinte de la deuxième, il m'a paru évident que je voulais allaiter encore une fois. Il y avait le désir d'allaitement et il y avait aussi ce désir de ne pas rester sur un échec. J'avais vraiment envie de me prouver que je pouvais le faire et surtout donner le mieux du mieux à ma seconde fille pour éviter tous les problèmes que j'avais pu avoir avec la première, avec ses problèmes de digestion.
« Je m’aperçois qu’on présente l'allaitement comme quelque chose de très structuré, de très régulier. »
Je me prépare différemment à ce second allaitement. Je me renseigne beaucoup plus. Je choisis une sage-femme pro-allaitement, donc une sage-femme avec des techniques diversifiées, avec vraiment du conseil à l’appui. Je commence à regarder pas mal de sites sur internet et puis j'arrive sur des associations pro-allaitement sur lesquelles je m'inscris, auxquelles je participe.
Lors de la première séance de conseils d'allaitement, je m’aperçois que je ne suis pas du tout en phase avec les personnes qui peuvent conseiller. Je m’aperçois qu’on présente l'allaitement comme quelque chose de très structuré, de très régulier.
« L’allaitement, c'est une aventure qu'on construit au jour le jour avec son bébé et soi-même. »
“C’est naturel !” : ça c'est revenu encore une multitude de fois. “Il faut faire ça. Il ne faut pas faire ça.” C'est vraiment des conseils qui perturbent je pense beaucoup les mamans. En tout cas moi ça m’a perturbé qu’on me donne une ligne de conduite alors que je savais pertinemment avec ma première expérience que ce n'est pas un chemin à suivre. L’allaitement, c'est une aventure qu'on construit au jour le jour avec son bébé et soi-même parce qu'il y a une grosse partie intime à la maman. Mais en tout cas, je ne me suis pas du tout retrouvée dans les discussions portées par ces personnes dites “spécialistes de l'allaitement”.
Donc je me suis vraiment tournée vers les bouquins. J'ai pris ce que j'avais à prendre mais tout en ayant vraiment mon ressenti à moi.
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L’une de mes expériences, c’était avec une association pro-allaitement à laquelle j’ai participé en étant enceinte. J'étais vraiment dans les derniers mois de ma grossesse. Je voulais peaufiner l'information sur l'allaitement pour être sûre d'avoir toutes les armes de mon côté. Je me suis retrouvée lors d'une réunion, entourée de mamans ayant allaité pour la plupart. On était 2 mamans enceintes et il y avait une jeune maman en train d’allaiter son enfant, un tout petit nourrisson qui devait avoir 5-6 jours, vraiment tout petit.
Et lors de la réunion, sur les bons principes “il faut” / “il faut pas” encore, mon attention était portée sur cette jeune maman qui était à bout, vraiment fatiguée. On voyait qu'elle n'y arrivait pas. On voyait qu'elle souffrait dans son allaitement. Le bébé le ressentait aussi donc il s'énervait encore plus. Et tout au long de la réunion, les regards et les attentions de la personne qui menait cette association se sont portées sur les futures mamans. C'est-à-dire la personne qui était avec moi et moi-même pour nous demander ce qu'on voulait, ce qu’on ne voulait pas, comment on voyait ça, en nous donnant encore de bons conseils du type “surtout pas de sucettes, parce que si vous leur donnez une tétine, jamais plus votre enfant ne reprendra le sein”...
Et donc à la fin de la réunion qui a quand même duré 2 heures, la responsable de l'association est venue me voir en me demandant ce que j'avais pensé de la réunion. Et je lui ai dit très ouvertement que je n'avais pas du tout apprécié qu'elle se concentre sur les futures mamans alors que dans l'assemblée, il y avait une maman qui était en peine, qui était en souffrance et je pense qu'elle avait déjà fait l'effort de venir avec son enfant à une réunion alors qu'on voyait très bien qu’elle n'avait pas dormi.
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Ma deuxième grossesse se passe très très bien, la même que la première. L'accouchement se passe encore mieux puisque en plus de l'allaitement, j'avais une autre vision de l'accouchement. Je voulais un accouchement naturel, donc sans péridurale. Il s’est hyper bien passé puisque au bout de 3 heures, ma seconde petite fille était là. La mise au sein s'est très bien passée.
« Ça a été vraiment l’un des plus beaux moments de ma vie, ce premier contact avec ma seconde fille. »
Alors, à contrario de la première expérience, j'ai été très bien accompagnée par les sages-femmes qui étaient tout autour, qui m'ont bien expliqué la mise au sein, qui sont restées avec moi tout le long jusqu’à ce que j’émette le besoin de rester seule avec ma fille. Et ça a été vraiment l’un des plus beaux moments de ma vie, ce premier contact avec ma seconde fille.
J'ai totalement géré mes deux grossesses, en tout cas mes deux accouchements, de manières totalement différentes. La première grossesse : déjà j'étais beaucoup plus jeune, donc ça a aussi un impact. C'était ma première fois, ça aussi c'est un autre impact. Et puis on entend tellement que l'accouchement c'est quelque chose de naturel. Tout le monde accouche, tout se passe bien. Bon, ça fait mal, mais tout se passe bien.
Pour ma seconde grossesse, je savais à quoi m'en tenir et je savais surtout ce que je ne voulais plus revivre. Je ne voulais plus revivre la péridurale. Je ne voulais plus revivre 13 heures de travail sans que personne ne communique avec moi. Et donc j'avais pour la seconde émis un projet de grossesse et d'accouchement que j'avais co-construit avec les équipes de la maternité, qui ont été vraiment à mon écoute, qui ont pris ligne par ligne tout ce que j'avais dit. Et quand je suis arrivée à la maternité, elles ont même ressorti le projet. Donc vraiment, j'avais été écoutée, j'avais été entendue et ça s'est très bien passé.
« Pour l’allaitement, c'était un peu fatiguant au début mais après on a réussi à prendre notre rythme toutes les deux. »
Et la suite, l'allaitement, ce n'est pas un chemin défini. Ce n'est pas “étape 1, étape 2, étape 3”. C'est vraiment une aventure que l'on construit avec son enfant. Donc il a fallu que je m'adapte au rythme de mon petit bout. Par chance elle tétait très bien, vraiment. Je n'ai eu aucun souci, pas de crevasses, rien, le seul petit bémol c'était que c'était un petit bébé moineau donc du coup elle tétait tout “petit petit” tout le temps. Donc c'était un peu fatiguant au début mais après on a réussi à prendre notre rythme toutes les deux.
Mais un petit moineau qui tète tout le temps et à n'importe quelle heure a aussi enclenché pas mal de polémiques : “tu ne devrais pas lui donner le sein tout le temps”, “tu vas mal l’habituer”, “regarde comme t'es fatiguée, tu devrais peut-être arrêter l'allaitement”…
« L'entourage c'est quelque chose de très compliqué à gérer dans l'aventure de l'allaitement. Il faut vraiment se concentrer sur soi. »
Voilà, tout ça, tout l’entourage qui est content quand on dit qu’on va allaiter l’enfant mais qui finalement ne le vit pas. Ils sont à côté donc ils ne peuvent pas savoir le ressenti qu'on peut avoir. Ils ne peuvent pas savoir qu’on sait que c'est bien. Moi, je savais que ma fille mangeait puisque j'avais des ressentis. Je savais qu'elle en était satisfaite puisqu’elle ne pleurait pas, elle ne se plaignait pas, elle dormait bien. Mais voilà, tout l'entourage c'est quelque chose de très compliqué à gérer dans l'aventure de l'allaitement. Il faut vraiment se concentrer sur soi. C'est une aventure intime et c'est une aventure avec son enfant.
C’est très perturbant ces acteurs qui, ne font pas ça méchamment. Ils veulent nous aider, ils veulent nous accompagner au mieux, mais des fois pas de la bonne manière. D'ailleurs, c'est ce qui m'a aussi poussé du coup, lors de ce deuxième allaitement puisqu'on me disait que mon enfant n’arrêtait pas de “tétouiller”, ça m'a fait un petit peu peur et je me suis dit finalement “est-ce que je la nourris assez ? Est-ce qu’elle grossit assez ?”. Et c'est en émettant mon doute à mon pédiatre qui me dit “effectivement, vu la courbe de poids de ta fille, il faudrait peut-être envisager de compléter avec du lait”. Et c'est ce que j'ai fait. Donc ça s'est très bien passé. J'ai pu continuer à allaiter, contrairement à tout ce qu'on m’avait dit, on peut faire un allaitement mixte. Et en fait, ça m'a permis encore plus de me conforter puisque finalement elle prenait pas plus de lait artificiel que de lait de la tétée. Du coup, on a arrêté le lait artificiel et on s'est consacrés totalement à l’allaitement maternel. Comme ça, tout le monde était réconforté et rassuré sur les besoins de mon enfant.
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Ma seconde fille, je l'allaite 4 mois et demi. Tout simplement parce que le retour au travail ne me permettait pas d'allaiter. J'étais dans un environnement pas très sain, donc pas possible non plus de tirer mon lait. Pas de local prévu à cet effet. J’ai préféré ne pas prendre de risque. J’ai préféré, petit à petit, arrêter l'allaitement.
« Si on n'est pas convaincue soi-même de ce qu'on fait, je pense que l’allaitement ne peut pas perdurer. »
Pour la petite histoire, j'ai arrêté mon allaitement pour reprendre le travail et en fait quand j'ai repris le travail, j'ai perdu celui-ci. Donc j'ai eu le choix au moment où mon activité professionnelle s'est arrêtée, de reprendre l'allaitement ou pas, parce que j'aurais pu finalement reprendre. Ça faisait trois semaines que j'avais sevré ma fille. Et à ce moment-là, j'ai décidé de ne pas allaiter tout simplement parce que je pense que je n'en n’avais plus besoin et ma fille non plus. C'est le sentiment que j'avais, bien entendu. Mais en tout cas, pour moi, l'allaitement c'est vraiment quelque chose d'intime. On le fait pour l'enfant, mais on le fait pour soi aussi. Et si on n'est pas droite dans ses bottes, si on n'est pas convaincue soi-même de ce qu'on fait, je pense que l’allaitement ne peut pas perdurer. Et à ce moment-là, j'avais déjà arrêté, j'étais déjà passée à autre chose et je n'ai pas éprouvé ni le besoin ni l'envie.
L'image que j'ai toujours quand le mot allaitement me vient à l'esprit, c'est la nuit quand je me levais pour aller allaiter mon enfant. Je trouve que c'était des moments vraiment qu’à nous, il n'y avait pas de bruit, il n'y avait pratiquement pas de lumière. C'était très intime et très fort, c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire.
« Ce second allaitement a réussi un petit peu à panser les blessures que je pouvais avoir sur ce premier échec et surtout sur ce sentiment de culpabilité. »
Après, pour l'histoire quand même, c'est vrai que j'en parle aujourd'hui plus ouvertement et avec plus de facilité du point de vue des émotions. Même si c'est toujours très émouvant d'aborder le sujet de l'allaitement, en tout cas chez moi.
Ce second allaitement a réussi un petit peu à panser les blessures que je pouvais avoir sur ce premier échec et surtout sur ce sentiment de culpabilité de ne pas avoir allaité la première. Ça m'a réconforté avec moi-même, avec le rôle de maman. Ca m'a laissé une note favorable, positive et vraiment, je suis très contente d'avoir voulu retenter l'allaitement malgré le premier échec parce que si c'était à refaire, je le referais.
« Sérénité pour moi parce que j'étais vraiment préparée au fait de m'écouter, moi, et de ne pas écouter les autres. »
Si j'avais un conseil à donner aux futures mamans qui vont allaiter leurs enfants, c'est vraiment de s'écouter. Pour moi, l'allaitement c'est une aventure intime : on est soi-même, avec son enfant. C'est vraiment une relation très forte. D'ailleurs, c'est un des meilleurs souvenirs que j'ai de mes débuts, avec ma seconde fille. C'est ce lien qui se crée. Cet amour qui se transmet et cette sérénité. Mais en tout cas, sérénité pour moi parce que j'étais vraiment préparée au fait de m'écouter, moi, et de ne pas écouter les autres. Vraiment, soyez certaines que ce que vous allez faire, c'est bien.
CONCLUSION
L’histoire de Cynthia, c’est celle de nombreuses mamans, qui se trouvent désemparées face aux nombreuses difficultés de l’allaitement auxquelles elles ne sont pas préparées. Mais son témoignage porte également un message d’optimisme et de confiance, qui prouve qu’un échec peut toujours être surmonté. Parce que chaque maman dispose en elle-même des ressources qui lui permettent de faire de l’allaitement un moment d’intimité et de partage avec son bébé.
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« Mon allaitement tout simplement » est une série de podcasts de VanillaMilk produite par Fleur Chrétien.
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