Podcast « Mon allaitement, tout simplement »
Episode n°5
Myrèse, mon l'allaitement dans les années 50
Synopsis :
Myrèse est enceinte en 1952. Elle ne se pose alors aucune question quant à son allaitement car à cette époque, toutes les mamans allaitent leur bébé.
Malgré un accouchement éprouvant, Myrèse nourrit sa fille dès le lendemain de la naissance. Et pour son plus grand bonheur de maman, l’allaitement se déroule tel qu’on le lui a décrit : de façon fluide et naturelle.
Dans cet épisode court mais émouvant, Myrèse, en tant qu'arrière-grand-mère, se souvient de cette période à laquelle démarrait sa vie de maman.
Déroulé de l'épisode :
00:00 - Introduction
02:03 – La surprise de la grossesse
Mots clés : aménorrhée, nausées
02:44 – Un accouchement à domicile long et éprouvant
Mots clés : saignements, soutien du papa, urgence, délivrance, pompiers
07:18 – Les retrouvailles avec bébé et la mise en route de l’allaitement
Mots clés : Allaitement naturel, relationnel, lien, biberon
11:58 – Les conseils de Myrèse pour les futures mamans
Retranscription de l'épisode :
L'HISTOIRE DE MYRÈSE
Je suis née Fabre, Marie-Thérèse Fabre et je me suis mariée à 21 ans. Je m'appelle Bonhomme maintenant. Je suis née à Saint-Étienne le 9 mars 1928.
Je suis tombée enceinte en 1952. J'ai eu une fille. Ça s'est passé naturellement. Vous savez, dans le temps, vulgairement, si on n'avait pas eu ses règles, c'est sûrement qu'on était enceinte. Et voilà, c'est tout !
Les 3 premiers mois, j'ai eu, je pense comme tout le monde, envie de vomir, puis ça m'a passé d'un coup et après ça a été très bien. Ni j'ai été malade, ni ça m’a embêtée, ni rien. On sortait encore assez souvent avec mon mari, et ça ne m’a jamais empêché ni de sortir, ni d’aller me promener.
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Ma fille devait venir au monde vers le mois d’août, à peu près, et j'ai eu excessivement de retard. Et vous savez dans le temps ma foi, on attendait. La sage-femme me disait : « C'est bizarre quand même qu'elle ne vienne pas. On a dû se tromper de date. » Et en fait, elle est venue le 27 septembre 1952. C’était une grosse poupée qui faisait, pour autant je puisse m'en rappeler, 4 kilos.
« C’était long, si vous saviez ! Le vendredi je perdais les eaux, puis le dimanche matin elle est venue au monde. »
L’accouchement par lui-même a été très, très long. Mais comme à l'époque on avait des accouchements longs, ma foi, on attendait que ça vienne.
Maintenant, vous allez à l’hôpital, vous dites « Oh, j’ai accouché à telle date ! ». On vous fait une césarienne les trois quarts du temps, et le lendemain matin, vous avez votre bébé. Tandis que nous, c’était long, si vous saviez ! Nous, le vendredi je perdais les eaux, puis le dimanche matin elle est venue au monde. Ça ne s’est pas passé quand même de la même façon. Vous savez, on avait mal au ventre, on se recouchait, on avait mal surtout au dos, et on attendait que ça passe. J’avais un mari qui me frottait le dos ou ma maman.
« A ce moment-là, j'étais, vous savez, morte. »
Elle est venue normalement. On a pris le bébé et on l'a mis dans son berceau, et on m'a dit tout de suite « tu vas voir la délivrance (ndlr : le placenta) qui va venir ». Et la délivrance n'est pas venue. Alors à ce moment-là, j’avais des saignements terribles, je mourrais disons. Alors, on a appelé le docteur. À l'époque, les docteurs, à 10h du matin, allaient rendre visite aux malades chez eux. Impossible de trouver un docteur. Mon mari courait de partout, tout le monde était « émotionné ». A ce moment-là, j'étais, vous savez, morte. Les pompiers sont venus. On m’a opérée sur une table de cuisine pour m’enlever la délivrance. Et la délivrance n'est pas venue normalement, elle est venue par petits bouts.
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Etant donné que j'avais beaucoup de retard, la sage-femme chez qui je devais accoucher avait une petite villa qui avait de 2 ou 3 chambres, c’était une maison d’accouchement disons. Mais comme ma fille ne venait pas, elle partait en congé. Elles ont fermé leur maternité et c'est une sage-femme que nous connaissions, qui me suivait quand même, qui est venue à domicile.
Dans sa serviette, elle avait toujours, vous savez, des petites piqûres pour soutenir le cœur, quelque chose comme ça. Je sais qu'elle m'en a fait une quantité incalculable pour pouvoir tenir mon cœur, à ce moment-là, vous voyez, j’étais moitié morte.
« La sage-femme m’avait dit : “Ma petite, si un jour on te demande ce que tu as eu, tu diras que tu as eu un enchantement.” »
Mon mari, quand il allait chez un docteur et que le docteur n’y était pas, il disait « Venez vite, venez le plus tôt possible, ma femme est en train de mourir ». Alors, il a fait tous les docteurs qu’il y avait à peu près dans le quartier. Il y avait mon mari, maman, une sage-femme, 2 ou 3 docteurs, les pompiers… Ah vous voyez, j'étais pas toute seule !
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Ma petite fille était dans son berceau et personne ne s'est occupé d'elle. La sage-femme m'a coupé le cordon naturellement. On l’a mise dans un berceau. Le berceau on l’a mis dans le vestibule, dans le hall d'entrée et ma foi, ils ne s’en sont occupés que quand je suis à peu près revenue à moi. Il était peut-être 5 ou 6 heures du soir, alors que ma petite fille est venue au monde à 10h du matin. C’était moi la primeure, on l’avait vraiment oubliée. La sage-femme m’avait dit « Ma petite, si un jour on te demande ce que tu as eu, tu diras que tu as eu un enchantement ». Ça ne se produisait jamais.
Je sais que la sage-femme disait à mon mari et à maman « Je saurais, dans ma vie avoir un autre accouchement pareil, j'arrêterai le métier ».
« On me la donnait au sein, elle a pris le sein tout de suite, j'ai pas eu de problème après avec ça. »
Je dormais. Je me suis réveillée, peut-être vers les 5 ou 7 heures de l’après-midi et là on s’occupait encore de moi, vous savez, parce que c'était quand même bien branlant. Je l'ai vu un matin. Elle est née un samedi mais moi je l'ai vue le dimanche matin. On me l'a mise à côté de moi, j'étais contente d'avoir ma fille à côté de moi, et puis c'est tout. J'ai pas réagi autrement, je l’ai trouvée jolie, je l'ai trouvée grande et c'est tout.
J’étais excessivement mal foutue, je suis restée plus d'un mois couchée. Mais on me la donnait au sein, elle a pris le sein tout de suite, j'ai pas eu de problème après avec ça.
Ca s'est passé automatiquement et très bien. Et je vous dis : sitôt qu'on l’entendait pleurer, le berceau était à côté de mon lit, alors je la prenais comme ça, je la mettais et puis c’est tout, elle était tellement facile.
« Je la prenais, je la mettais au sein, elle se débrouillait comme elle voulait et moi je me rendormais. »
Le premier mois disons, j’étais quand même pratiquement couchée. Alors je m'asseyais dans le lit et on me donnait le bébé. Et la nuit, je n’ai jamais eu de problèmes, parce que son berceau était à côté de mon lit. Donc je la prenais, je la mettais au sein, elle se débrouillait comme elle voulait et moi je me rendormais.
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Si j’étais invitée chez des amis, je prenais mon bébé, j’allais dans la chambre, je m’asseyais sur une chaise, je prenais ma fille, je lui donnais le sein et puis on repartait à la cuisine. Je la couchais dans son berceau, puisque quand on sortait en principe, on avait une voiture-landeau. Je la couchais dans sa petite voiture ou on la mettait dans un lit. Il y avait toujours une chambre à coucher chez les amis, on la mettait au milieu et elle était bien.
Quand ils venaient au monde, les enfants, en principe, on les langeait, même les bras. Pour qu’ils soient bien droits, on avait toujours peur qu’ils soient tordus.
Et puis alors, après, peut-être une dizaine de jours après ou un peu plus, on sortait les bras, et on langeait jusque dessous les bras. Puis on attachait avec une petite épingle, et puis voilà ! On mettait les pieds aussi dedans, ça faisait un petit paquet.
« J’ai eu un problème après, quand elle a été un peu plus grande et qu’elle a eu des dents car elle me mordait. »
Ce dont je me souviens, c’est qu’elle s’amusait avec le sein, qu’elle faisait des « risettes », comme on disait dans le temps. Et puis alors, on lui parle à son bébé, on lui raconte des bêtises, elle vous regarde, je vois qu’elle comprend et qu'elle vous regarde, elle est contente. Elle vous fait des sourires qui ne sont peut-être pas des sourires, mais c’était merveilleux, tellement beau !
J’ai eu un problème après, quand elle a été un peu plus grande et qu’elle a eu des dents car elle me mordait. Elle s’amusait. C’est tellement mignon un bébé. Ça s’amuse avec le sein de la maman. Alors elle mordillait, elle tétait, elle s’amusait… et ça fait des crevasses à la fin. J’en ai eu tellement marre, ça m’a tellement fait mal les crevasses, que j’ai dit « Allez hop, on va lui donner le biberon. »
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Alors après que j’ai arrêté d'allaiter, on lui a donné le biberon. Moi je lui donnais du lait de vache, coupé avec de l’eau. Il y avait des farines qui existaient aussi, mais je ne m’en suis pas servi. Et après, je prenais du Tonimalt, à la pharmacie. J'y mettais une cuillère à café ou deux, coupées avec un peu de lait ou de l'eau, ça je ne me rappelle plus bien comment c'était. Mais c'était un genre de farine le Tonimalt : il y avait donc du malt, du miel, du sucre. Alors vous voyez, c'était quand même assez fortifiant.
« Je ne pense pas avoir demandé à une amie qui était enceinte ou quoi : « Est-ce que tu vas allaiter ? ». On ne demandait pas, c'était normal. »
Je n'étais pas triste quand j'ai arrêté parce que automatiquement on lui donnait le biberon et comme elle le prenait naturellement. Il y a peut-être des bébés qui pleurent après car c'est vrai que c'est pas le même lait ou qui sont malades, qui ont des boutons, c'est malheureux, mais pour nous, tout s’est passé normalement.
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Je ne pense pas avoir demandé à une amie qui était enceinte ou quoi : « Est-ce que tu vas allaiter ? ». On ne demandait pas, c'était normal. Ce qui n'était pas normal, c'est après quand on disait « Bah tu vois hein, elle a eu son bébé mais elle n'a pas pu lui donner le sein ». Parce qu’il y avait quelque chose : ou le bébé était dépressif ou il y avait quelque chose. Mais jamais, jamais, jamais j'ai entendu dire : « Tiens, je ne donnerai pas le sein à mon bébé ».
« C'est une chose qui est tellement naturelle, d’avoir un bébé, que chacun le fait comme il peut et comme il l'entend. »
Quand ma fille est tombée enceinte et bien moi, je l'ai laissée faire comme elle voulait comme elle l'entendait. On a chacun ses idées et il faut parfois se débrouiller, c'est une chose qui est tellement naturelle, d’avoir un bébé, que chacun le fait comme il peut et comme il l'entend.
CONCLUSION
Avec Myrèse, vous avez découvert une histoire de maternité et d’allaitement il y a près de 70 ans. Ce que l’on en retient, ce sont des souvenirs heureux, l’absence de pression pendant la grossesse et des grands moments de complicité entre une maman et son bébé.
Dans le prochain épisode, c’est Cynthia, qui nous racontera comment après un premier allaitement raté, elle prépare l’arrivée de son deuxième bébé.
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« Mon allaitement tout simplement » est une série de podcasts de VanillaMilk produite par Fleur Chrétien.
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