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La Kraamzorg, l’accompagnatrice des premiers jours de bébé aux Pays-Bas

Inconnu en France et même dans d’autres pays, le métier de Kraamzorg est pourtant très répandu aux Pays-Bas. Il y est même pris en charge par les assurances.

Véritable accompagnatrice des premiers jours de vie du bébé, la Kraamzorg travaille avec les autres professionnels qui entourent les parents et contribue à aider ces derniers dans la découverte de leur nouveau rôle. Son soutien et sa présence à leurs côtés s’avèrent aussi très importants dans la réussite de l’allaitement, lorsqu’il est souhaité. 

Formée à ce merveilleux métier, Delphine nous a contactées pour nous proposer de faire découvrir en France son quotidien passionnant, depuis Amsterdam.

Bonjour Delphine et merci de nous accorder cette interview. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Delphine KraamzorgBonjour ! Je m’appelle Delphine. Je suis d’origine française mais je vis à Amsterdam. J’ai grandi aux Pays-Bas, je suis d’ailleurs mariée avec mon amoureux d’enfance qui est néerlandais, avec qui j’ai 3 grands enfants et un beau-fils.

Je suis Kraamzorg aux Pays-Bas, un métier qui n’existe nulle part ailleurs.

Il consiste à s’occuper essentiellement de la maman et de son bébé après la naissance, à domicile, pendant 8 à 10 jours.  

 

 

Génial ! Dites-nous en plus !

Je fais aux Pays-Bas ce que font en France des sages-femmes en post-natal. Je m’occupe des soins médicaux de la mère et de l’enfant et j’accompagne l’allaitement

L’autre partie de mon travail consiste à gérer la maison et l’intendance

Par exemple, je m’assure que les parents mangent correctement. Ainsi, en fonction des familles, soit je prévoie les repas, soit je cuisine, soit je vais faire les courses. Parfois tout, parfois rien. 

Je m’assure également que les parents récupèrent bien. Je les laisse dormir, je m’occupe du linge, de l’hygiène de la salle de bain et des toilettes, car il faut que ça reste impeccable.

En gros, j’aide les parents à devenir parents. Je leur donne plein de conseils sur la parentalité. Pour cela, je suis des protocoles néerlandais. J’ai une certaine liste d’informations à transmettre, sans que les parents s’en rendent compte. L’idée c’est que ce ne soit surtout pas perçu comme des devoirs. 

 

Quelle est votre formation initiale ? Avez-vous déjà travaillé dans ce milieu ou est-ce une reconversion totale ?

J’ai initialement suivi une école de commerce et j’ai donc une formation initiale en marketing. Ensuite, j’ai travaillé dans la finance, dans une banque, pendant de nombreuses années.

Puis j’ai repris les études ici, aux Pays-Bas, car je parle couramment néerlandais. J’ai suivi la formation de Kraamzorg en accéléré, c’est-à-dire qu’elle a duré un an au lieu de trois. Ça a été beaucoup de travail, très intensif. 

J’ai donc un diplôme d’Etat néerlandais de Kraamzorg. Chaque année, pour pouvoir garder mon diplôme et l’autorisation d’exercer, je dois continuer à faire un certain nombre de formations. 


Savez-vous combien de Kraamzorg exercent aujourd’hui aux Pays-Bas ?

Je ne connais pas les chiffres, par contre, je sais qu’il en manque. C’est un métier vieillissant car les jeunes ne sont pas du tout intéressés.

 

Il y a une partie médicale et une partie de ménage et d’intendance. C’est peut-être cette deuxième partie qui les séduit moins ?

Il faut savoir que je ne fais pas vraiment le ménage. D’’ailleurs je dis aux parents que je ne suis pas une femme de ménage. Si la maison est sale, je n’y peux rien.

Par contre, il est important que ça reste propre. C’est un peu un amalgame qui est fait par les néerlandais pure souche car avant, les Kraamzorg faisaient beaucoup plus le ménage qu’aujourd’hui.

Sauf que maintenant, les pères sont disponibles et beaucoup plus présents qu’avant donc ils peuvent vider le lave vaisselle, par exemple.

 

Comment se passe la collaboration avec les sages-femmes ?

En fait, les sage-femmes sont les responsables finales de la mère et de l’enfant. Nous, les Kraamzorg, sommes leurs yeux et leurs oreilles. Nous devons rapporter l’intégralité de ce que nous voyons et entendons, notamment ce qui pourrait dévier des protocoles.

Pour donner un exemple, aujourd’hui, j’ai trouvé que le nombril du bébé de la famille dans laquelle je travaille était séché et pas de la bonne manière. Je l’ai donc rapporté à la sage-femme qui m’a dit que si demain c’était toujours le cas, elle passerait voir la maman avec moi et que nous verrions pour trouver une solution.

Aussi, pour l’allaitement, on en discute beaucoup avec la sage-femme :  savoir s’il faut utiliser un tire-lait ou non, comment se sent la mère, etc.

Les sages-femmes sont très attentives à ce qu’on leur dit et à notre ressenti. Par exemple, si on les appelle pour un sujet sensible, elles vont nous demander « est-ce que vous êtes inquiète ? » et en fonction de notre réponse, elles vont sentir l’urgence ou pas.

 

À quel moment commencez-vous à accompagner la maman ?

En général, les Kraamzorg n’accompagnent pas du tout la maman pendant la grossesse. Elles ne sont d’ailleurs pas payées pour ça.

Pour ma part, je reste disponible par message dès le moment où j’ai un contact avec la future maman. Si elle a des questions, j’y réponds bien-sûr mais bénévolement.

D’ailleurs, là nous sommes en avril et j’ai déjà des mamans qui me contactent pour un accouchement au mois de décembre. Je n’ai donc rapidement plus de place

 

Une fois que le bébé est né, combien de temps passez-vous avec la maman chaque jour ? Qui choisit la répartition du nombre d’heures ?

Normalement, la Kraamzorg travaille 49 heures étalées sur 8 jours.

Pour ma part, au début je reste 8 heures par jour puis à la fin de la semaine, je reste plutôt 5 heures par jour. C’est moi qui répartit les heures, en fonction des besoins de la famille. 

 

Dans le cadre de la formation de Kraamzorg, avez-vous suivi des heures spécifiques sur l’allaitement ?

Absolument. Nous sommes formées en allaitement et lors des évaluations cela fait partie des modules à valider rapidement puis de façon régulière dans le cadre des re-formations. Évidemment, je travaille aussi de façon étroite avec des spécialistes en lactation que je fais régulièrement intervenir auprès des familles.

Comme dans chaque entreprise, on a des objectifs. Et l’un de ces objectifs est la réussite de l’allaitement. On doit rendre compte de notre qualité de travail auprès d’une commission, en fonction du nombre de clientes qu’on a, des résultats et notamment des résultats d’allaitement. 

Pour évaluer l’allaitement, on demande à la maman si elle veut allaiter ou pas à trois moment : le jour de la naissance, le premier jour d’intervention de la Kraamzorg et le dernier jour. Ils observent ainsi comment ça s’est passé et comment on a su accompagner la famille.

 

D’après votre expérience, les mamans néerlandaises veulent-elles allaiter ?

Oui ! Cette année je n’ai qu’une seule maman qui ne veut pas allaiter. L’année dernière, elles ont toutes allaité.

 

Le métier de doula existe-il aux Pays-Bas ou est-il « remplacé » par les Kraamzorg ?

Les deux existent. Les doulas, souvent présentes avant la naissance, préparent à l’accouchement, notamment pour faire un accouchement « sans douleur ».

En effet, ici, la péridurale est presque une option. Ce n’est pas comme en France. Ici, on se pose plutôt la question « où va-t-on accoucher ? » : à la maison, dans un centre de naissance, à l’hôpital…  On nous dit bien que la péridurale n’est disponible que si l’anesthésiste est présent, sinon il n’est pas possible de l’avoir. On se prépare donc généralement à cette éventualité.

Il existe aussi des doulas post-natales, mais cela est beaucoup moins fréquent et généralement, elles vont intervenir après le passage de la Kraamzorg. 

Mon métier me permet également d’assister les sages-femmes lors des accouchements à domicile. Quand le bébé naît, c’est moi qui le mets au sein pendant ce qu’on appelle la « golden hour ». J’y attache beaucoup d’importance.

Donc, on travaille tous et toutes en communion, que ce soit avec les sages-femmes, les doulas, les pédiatres… Ceci nous permet de régler certains problèmes très rapidement, surtout maintenant qu’on peut travailler avec le numérique.

Par exemple, j’ai récemment eu un bébé qui avait des tâches sur le ventre. J’ai envoyé une photo à la sage-femme qui a directement fait valider ce qu’elle pensait auprès d’un pédiatre, et nous avons pu trouver une solution instantanément.

 

Les mamans se sentent donc très bien entourées et certainement plus sereines, ce qui est malheureusement moins le cas aujourd’hui en France.

Oui. Effectivement, les mamans se sentent très sécurisées.

En revanche, les françaises que je suis ici à Amsterdam sont très déstabilisées car il n’y a pas de suivi gynécologique. C’est un suivi de sage-femme obligatoirement.

Si elles veulent faire une préparation à l’allaitement ou à l’accouchement, c’est possible mais c’est à elle de l’organiser et de le gérer.

Pareil pendant le suivi. Il y a peu de prises de sang, pas de check de toxoplasmose, pas de pesée… 

Ensuite, lorsqu’elles accouchent à l’hôpital, elles vont avoir une équipe mais le gynécologue ne va pas s’occuper du suivi. Il faut aller le voir seulement s’il y a un souci. 

Lorsqu’elles accouchent à la maison, c’est pareil. Il n’y a que la sage-femme et la Kraamzorg. Le nouveau-né ne verra donc que moi et deux fois la sage-femme.

 

Les services de la Kraamzorg sont-ils pris en charge par l’assurance et la mutuelle ?

Oui. Soit il y a une franchise et la maman doit payer 4,60 euros de l’heure (ce qui, entre nous, n’est pas beaucoup), soit elle est prise en charge à 100%.

Cela varie selon les assurances, mais quand une femme sait qu’elle veut un enfant bientôt, elle prend généralement l’assurance « Family Pack » pour que tout lui soit remboursé.

 

Existe-t-il aussi des consultantes en lactation IBCLC (qui est une certification internationale) aux Pays-Bas ? Sont-elles sollicitées dès la grossesse ou uniquement en cas de problème ?

Oui, tout à fait. En revanche, elles ne sont pas tout le temps sollicitées pendant la  grossesse mais proposent des formations en l’allaitement.

Au minimum, je conseille toujours aux mamans de se former auprès des consultantes pour qu’elles connaissent les positions d’allaitement, le fonctionnement de leurs seins… En gros, qu’elles sachent à quoi s’attendre. 

D’ailleurs, je vois tout de suite la différence entre une maman formée et une maman qui ne l’est pas. Ensuite, mon rôle est de leur en apprendre davantage, de les aider, de les motiver, mais aussi de montrer au partenaire comment faire quand je ne suis pas là.

J’essaye d’impliquer au maximum les partenaires, notamment dans l’allaitement, en leur donnant une parole et du temps, car souvent ce sont les derniers à qui on pense.

Or, c’est important qu’ils aillent bien car c’est eux qui vont faire en sorte que la maman aille bien. Et si la maman va bien, le bébé va bien !

S’il ne devait y en avoir qu’un, quel serait votre meilleur conseil à l’attention des futures mamans qui se préparent à allaiter leur bébé à venir ?

Suivez votre instinct, préparez-vous en couple à l’allaitement et n’écoutez pas les conseils des autres !

 

Si vous disposiez d’une baguette magique, que changeriez-vous en France pour faire progresser les taux d’allaitement maternel ?

Pendant la grossesse, je proposerais lors des préparations à l’accouchement une formation à l’allaitement.

Je proposerais aussi systématiquement aux femmes de mettre bébé au sein dés la naissance pour faire une tétée d’accueil en peau à peau, ce que nous appelons la « Golden Hour ».

Enfin, il faut surtout ne pas culpabiliser les mères et les laisser allaiter tranquillement n’importe où avec respect et bienveillance.

 

Un petit mot sur VanillaMilk ?

L’idée de pouvoir trouver un ou une professionnelle pour aider les femmes avant et après la naissance est une très bonne chose. Ce n’est pas toujours facile de demander de l’aide.

Via VanillaMilk, c’est possible !

 

Site internet de Delphine : Aide Maman Amsterdam
Compte Instagram : @ama_kraamzorg_francaise

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