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20 questions fréquentes sur la mise en place d’un allaitement efficace à la maternité (3/3)

Suite et fin de nos réponses aux 20 questions fréquentes de parents pour la mise en place d’un allaitement efficace dès la maternité.

Dans ce troisième et dernier volet de notre article hyper complet, Cécile Sérillon, consultante en lactation certifiée IBCLC, titulaire du Diplôme Universitaire en Allaitement Maternel et auxiliaire de puériculture, nous parle de contradiction dans les conseils, montée de lait, tétées nocturnes et surtout du stress qui existe autour de la perte de poids du nouveau-né.

A la fin de cette lecture, vous devriez disposer de nombreuses astuces et informations utiles pour vous permettre d’aborder sereinement les premiers jours en tête à tête avec bébé.

Maintenant, c’est à vous de jouer !

NB : Cet article se compose de 3 parties dont la première est disponible ici et la seconde ici.

Question n°14 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« Le professionnel qui vient de passer me voir dans ma chambre me dit exactement le contraire de ce que m’a dit le professionnel précédent. Qui dois-je croire ?  »

C’est une remarque que font très souvent les mamans quand elles évoquent leur séjour à la maternité. Il est normal que ce soit très perturbant.

Les parents pensent trop souvent que les professionnels de la maternité vont leur donner le mode d’emploi pour leur bébé, qu’il n’y a qu’une seule façon de faire, qu’on va tout leur expliquer et qu’il va falloir faire exactement comme ça. Sauf que la puériculture n’est pas une science exacte, que tous les bébés sont différents et que la prise en charge d’un bébé repose essentiellement sur de l’observation. 

« Devenir parent » implique de passer par plusieurs stades. Le premier est le stade formel durant lequel les parents se disent : « Je vais faire exactement ce qu’on me dit de faire et c’est comme ça que je vais être un bon parent ».

Et puis au fil du temps, plus ou moins rapidement selon le contexte, la personnalité et le vécu de chacun, ce stade formel laisse place à un stade plus personnel, plus informel. Les parents écoutent alors les conseils donnés mais savent qu’ils ne sont pas tous applicables à 100% à leur bébé et à leur situation. Ces conseils seront peut-être judicieux à un moment donné. Mais, il est possible que à cet instant-là, cela ne leur parle pas du tout et qu’ils n’aient pas envie de l’écouter ni de l’appliquer. 

Cette prise de recul est indispensable, surtout si les conseils donnés par deux professionnels sont radicalement différents ou opposés  

En tant que professionnelle, pour éviter ce genre de situation très perturbante pour les parents, ainsi que des disputes entre collègues, il est intéressant de proposer plusieurs options et de laisser les parents prendre eux-mêmes la décision. 

Face à une injonction, ne pas hésiter à donner son avis, son ressenti et à demander si d’autres options sont possibles. 

Il faut également tenir compte du fait que le comportement d’un nouveau-né change énormément, d’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre, d’une tétée à l’autre. Un professionnel pourra dire quelque chose d’adapté et de pertinent à un moment donné mais peut-être que, quelques heures plus tard, lorsqu’un autre professionnel entrera dans la chambre, il sera amené à faire d’autres propositions car la situation aura évolué. Ce que le premier professionnel a dit avant n’est maintenant plus vrai parce qu’on est désormais passé à une autre phase. Et dans cette nouvelle phase, il va falloir gérer les choses autrement.

Et cela concerne donc aussi l’allaitement qui évolue très vite les premiers jours et les premières semaines. Les conseils donnés par les soignants à un instant T peuvent être obsolètes quelques heures plus tard. Il faut savoir s’adapter et toujours bien observer son bébé.

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Question n°15 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« J’ai accouché avant-hier mais je n’ai toujours pas eu ma montée de lait. Que faire ? »

La montée de lait a lieu en général entre 3 et 5 jours après l’accouchement mais, c’est une donnée très variable d’une maman à une autre.

Donc, que faire si elle n’arrive pas ? Lâcher prise, être patiente, poursuivre les stimulations de la glande mammaire et surtout, avoir confiance dans son corps.

La montée de lait est physiologique. Elle est déclenchée par la chute des hormones placentaires lors de l’expulsion du placenta et par l’augmentation du taux de prolactine dans le sang. Donc, à partir du moment où le placenta est expulsé entièrement, la montée de lait va avoir lieu.

Si le bébé tète très bien dès les premières heures après la naissance, si la maman a un bon vécu de l’accouchement, si elle n’est pas trop fatiguée, si elle a confiance dans son allaitement et si elle a des pensées positives, la montée de lait va probablement avoir lieu rapidement. 

En revanche, si le démarrage des tétées a été différé, si le bébé dort beaucoup, si la maman est très fatiguée, douloureuse, contrariée ou préoccupée (par des soucis familiaux, des désaccords avec son conjoint ou avec l’équipe, une déception sur le vécu de l’accouchement…) et si elle est peu soutenue dans son allaitement par sa famille ou par l’équipe, la montée de lait prendra peut-être un peu plus de temps. Mais, elle finira par arriver, quoi qu’il arrive.

Il y a aujourd’hui une grosse pression autour de la montée de lait. Certains parents décrivent leur séjour à la maternité comme une véritable course contre la montre pour que la montée de lait arrive vite. Cette course a une influence très négative et n’est pas du tout propice à un allaitement serein.

De plus, la montée de lait n’est qu’une étape de transition entre le colostrum et le début d’une sécrétion plus importante. Ce n’est pas parce qu’on a eu sa montée de lait, que le bébé a repris du poids et que l’on sort de la maternité que l’allaitement est bien en place et que l’on doit relâcher toute la vigilance.

En consultation post natale, de nombreuses mamans me sollicitent pour une perte de poids ou une prise de poids insuffisante entre J5 et J15 alors qu’en sortie de maternité, le bébé avait repris un peu de poids et l’allaitement semblait se mettre correctement en place. 

Le premier mois d’allaitement est un mois de calibrage pendant lequel il faut rester très vigilant

Aussi, il y a selon moi un problème dans les termes qu’on utilise autour de l’allaitement. Et cela peut beaucoup fragiliser les parents. En l’occurrence (et c’est un petit clin d’œil à Pascale Hassler qui m’a expliqué cela dans un cours sur la lactation), le terme « montée de lait » est un terme vraiment très ancien qu’on utilisait quand on n’avait aucune connaissance en anatomie et en physiologie. On pensait alors que le lait, après la naissance, montait de l’utérus vers le sein. Il est donc consternant de voir qu’on utilise encore aujourd’hui un terme de plusieurs centaines d’années et qui date d’une époque où on ignorait tout de la physiologie de la lactation.

On utilise un vocabulaire médical pour bien d’autres choses mais pour la lactation, on a gardé des termes populaires qui ne sont pas professionnels.

Pourquoi ne parle-t-on pas plutôt d’activation de l’activité sécrétoire ? Car, finalement, la « montée de lait » n’est pas un pic de lactation mais quelque chose d’évolutif. La maman, au fur et à mesure des tétées, va sécréter de plus en plus de lait et celui-ci va changer, se transformer pour devenir peu à peu un lait mature.

 

Atelier préparation allaitement
Atelier préparation allaitement

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Question n°16 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« On me parle d’allaitement à la demande. De quoi s’agit-il ? »

Le terme d’« allaitement à la demande » est très fréquemment utilisé mais, selon moi, c’est aussi un autre terme qui devrait disparaître. Dans l’idéal, l’allaitement doit être « à la demande ». Le problème, c’est que personne ne comprend ce que ça veut dire. Comment un nouveau-né demande-t-il à téter ?

Dans l’imaginaire collectif, un bébé qui a faim et qui « demande » est un bébé qui pleure très fort. Si on attend que le bébé pleure très fort, on a déjà perdu beaucoup de temps. Et par conséquent, l’installation pour la tétée sera beaucoup moins sereine pour la maman et pour le bébé et la tétée moins efficace.

Et puis, comment faire quand le bébé ne demande pas ? On attend en se disant qu’un bébé ne se laisse pas mourir de faim ? Ce sont malheureusement une expression et une croyance populaire qui perturbent souvent la mise en place de l’allaitement.

Si le bébé ne demande pas, c’est à dire quand il a peu de signes d’éveils, qu’il dort beaucoup et qu’il se met en mode « économie d’énergie », les parents doivent alors être proactifs, c’est à dire le solliciter, le stimuler, le prendre dans les bras, le réchauffer… Ils ont leur rôle à jouer.

Dans certaines situations, on ne peut pas attendre que le bébé se manifeste, même s’il est important de préciser qu’un bébé né à terme et en bonne santé possède toutes les compétences pour manifester son besoin de téter et que, dans l’idéal, on doit respecter son rythme et être attentif à ses signes d’éveil. 

Une maman médecin généraliste que j’avais accompagnée pour son premier bébé m’a dit un jour : « Je disais toujours à mes patientes d’allaiter « à la demande ». Mais, maintenant que j’ai un bébé, je me rends compte que je ne sais absolument pas ce que ça veut dire ».

En maternité, aujourd’hui, on parle plutôt d’allaitement « aux signes d’éveil ». Mais finalement, c’est un peu pareil : Les parents ne savent pas forcément ce qu’est un signe d’éveil. Un signe d’éveil, ça peut être très furtif et parfois, certains parents ne vont pas oser déranger leur bébé. Ils préféreront le laisser dormir un peu plus longtemps et attendre de voir si le bébé amplifie sa demande, surtout s’ils sont eux-mêmes très fatigués (ce qui est tout à fait compréhensible). Mais, là aussi, on perd du temps sur le démarrage d’une tétée efficace. 

Suzanne Colson va même encore plus loin. Elle dit qu’un nouveau-né est capable de téter en dormant. Même si le bébé dort, on peut le mettre contre le sein « à la bonne adresse », afin de lui permettre un accès au sein facile et rapide et l’inciter à téter plus souvent. Ainsi, au fur et à mesure des jours, le bébé va commencer par téter en dormant. Il va faire des petites succions plus ou moins efficaces. Et mécaniquement, plus il y aura de lait, plus il va faire des succions en mode actif, avec les yeux ouverts, bien concentré et appliqué.

Enfin, il ne faut pas oublier que le bébé a aussi besoin d’ocytocine pour bien téter. Mieux vaut donc éviter de mettre trop de stress autour de la montée de lait ou autour de quoi que ce soit d’autre au risque de voir le bébé finalement refuser de téter. Les tétées « forcées » sont une hérésie.

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Question n°17 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« Mon bébé n’a pas pris assez de poids et l’équipe de la maternité me propose de le complémenter avec du lait artificiel. Est-ce vraiment la seule solution ? »

Il n’y a jamais qu’une seule solution pour résoudre un problème. Donc, si la solution proposée par l’équipe ne convient pas aux parents, ils ont le droit d’en suggérer une autre. Mais pour cela, il faut avoir été un petit peu préparé et informé pour savoir quoi suggérer si l’équipe n’a pas d’autre solution que celle de donner du lait artificiel.

Il faut aussi vraiment relativiser sur la perte de poids. Pour une maman, c’est toujours très stressant de savoir que son bébé perd du poids. On en oublie que c’est physiologique.

Souvent, le bébé ne reprend du poids ou ne commence à stabiliser sa perte de poids que le jour de la sortie. C’est d’ailleurs une condition pour quitter la maternité et rentrer à la maison.

Les premiers jours qui suivent sa naissance, le bébé va naturellement perdre du poids et on peut même calculer cette perte. La perte de poids physiologique est généralement entre 6 et 8% du poids de naissance, ce qui est tout de même non négligeable.

Il est vrai que quand un professionnel annonce que le bébé a perdu « beaucoup de poids », il est très difficile pour un parent d’arriver à prendre du recul et oser dire par exemple « Ah bon, pourtant j’avais calculé qu’il avait le droit d’en perdre autant. Donc, finalement, ça n’est pas tant que ça, si ? » et ainsi relativiser. Bien sûr, c’est très dur à faire pour les parents parce que cela relève d’une observation médicale. Mais idéalement, il faudrait se dire que son bébé pèse tant à la naissance et qu’il va donc pouvoir descendre jusqu’à tel poids avant que l’on s’inquiète. 

Les erreurs de pesée et les balances déréglées, cela existe aussi. Donc on ne peut pas juger de la bonne mise en place d’un allaitement en focalisant uniquement sur la perte de poids. De plus, il est à présent admis que la quantité de liquide reçue par la femme en intraveineux pendant le travail peut influencer le poids du bébé à la naissance et donc causer une perte de poids plus importante. Et cela est très rarement pris en compte. 

Souvent, il y a quand même une tolérance acceptable jusqu’à 10% de perte de poids. Mais là, c’est vraiment le signe qu’il faut commencer à agir pour surveiller l’allaitement et l’efficacité des tétées. Au-delà de 10%, il faut envisager de compléter avec du lait maternel ou un substitut si on n’a pas de lait maternel à disposition.

Malheureusement, en maternité, les compléments de préparation pour nourrisson sont donnés beaucoup trop facilement, très souvent sans concertation d’équipe, sans avis médical et sans information complète aux parents sur les conséquences de cet acte.

On le sait peu mais un substitut de lait maternel va perturber la flore intestinale du bébé, la phase d’adaptation métabolique et l’initiation de tétées efficaces. Un bébé qui reçoit des compléments aura moins envie de téter. C’est alors le début d’un cercle vicieux qu’il est ensuite plus ou moins difficile de rompre.

Avant d’accepter que son bébé reçoive un complément de lait artificiel, on peut par exemple demander : 

  • Si c’est le pédiatre qui en a fait la demande, 
  • S’il est possible de faire autrement,
  • S’il est possible pour la maman d’exprimer du lait maternel ou si un tire-lait est disponible 

Il est important d’oser suggérer des idées d’alternatives au lait artificiel si on ne veut pas que son bébé en reçoive.

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Question n°18 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« Que puis-je faire pour aider mon bébé à reprendre du poids ? »

La meilleure chose que les parents peuvent faire pour éviter d’avoir à donner du lait artificiel à leur bébé, c’est de participer à la prévention de la perte de poids.

Et pour limiter la perte de poids, il faut limiter la perte d’énergie et permettre au bébé de concentrer toute son énergie sur la mise en place d’une succion efficace. 

Il y a des choses très simples à faire pour limiter la perte d’énergie d’un bébé :

  • Bien couvrir son enfant pour le protéger de l’hypothermie,
  • Lui mettre un bonnet,
  • Faire du peau à peau sécuritaire pendant plusieurs heures par jour, voir 24H/24H si c’est possible pour la maman, 
  • Pratiquer le maternage proximal et mettre son bébé le plus souvent possible contre soi, « à la bonne adresse »,
  • Limiter les bains car chaque bain représente une grosse perte d’énergie,
  • Et éviter les changes trop fréquents.

En effet, les premiers jours, les changes peuvent prendre beaucoup de temps et le bébé peut se refroidir pendant une séance de déshabillage-rhabillage. Il attend, il pleure et peut ainsi perdre beaucoup d’énergie. Pourtant, si on a besoin de temps, si le bébé pleure, on peut tout à fait faire des pauses. S’il a régurgité, s’il est mouillé, si sa couche a débordé… ou même après le bain, plutôt que de rhabiller immédiatement son enfant, on peut le prendre contre soi en profiter pour faire une séance de peau à peau. En le rhabillant plus tard, lorsqu’il sera calmé et réchauffé, on limite sa perte d’énergie.

Concernant le maternage proximal, on a bien compris que la proximité facilite le démarrage de l’allaitement, qu’un bébé devrait idéalement rester dans la chambre de ses parents 24 heures sur 24. Mais pour la plupart des bébés, être dans leur berceau, emmitouflé dans une couverture ou une gigoteuse, c’est encore trop loin de leur maman. Ils ont besoin d’être contre elle. Le bébé est un être sensoriel. Pour se sentir en sécurité et s’attacher à ses parents, il a besoin d’être touché, porté, caressé, bercé. 

Enfin, pour limiter la perte de poids, comme je l’ai suggéré plusieurs fois depuis, il ne faut pas avoir peur de solliciter son enfant. On ne va pas le déranger en le prenant dans les bras, en lui chatouillant la lèvre supérieure avec le mamelon, en lui mettant une petite goutte de colostrum sur les lèvres, en lui proposant de téter trop souvent… bien au contraire. On va participer à créer des connexions et à suggérer des tétées. Certaines tentatives aboutiront sur des tétées efficaces et d’autres sur des tétées pour lesquelles on aura uniquement quelques succions avant que bébé ne s’endorme. Mais, dans tous les cas, on multiplie quand même les possibilités pour que bébé prenne du lait. À chaque fois, un petit peu mais c’est déjà très bien car chaque goutte compte.

Les parents savent généralement qu’un bébé né à terme et en bonne santé est compétent et ils savent aussi qu’à partir de 37 SA, le bébé n’est pas considéré comme prématuré et qu’ils peut donc naitre dans une maternité de niveau 1. Mais, même dans une maternité de niveau 1, il n’y a pas que des bébés qui naissent à terme et en bonne santé. Il y a aussi des bébés plus fragiles, qui naissent avant terme, c’est-à-dire avant 41 semaines, des accouchements, parfois déclenchés qui sont très longs, des naissances difficiles avec des instruments, des troubles respiratoires à la naissance, du diabète gestationnel… De nombreux facteurs sont en prendre en compte dans l’estimation du risque d’une perte de poids plus importante que les 8% définis dans la littérature.

Dans toutes ces situations dites « à risque », les parents devront donc être encore plus vigilants et encore plus proactifs vis à vis de leur bébé. 

Le bébé humain né de toute façon prématuré. Malgré ses nombreuses compétences, il dépend entièrement de ses parents pour survivre. Il faut donc aider son bébé dans le processus d’adaptation à la vie extra-utérine.

Et tout ça, c’est idéalement quelque chose qui doit être préparé et discuté en période prénatale.

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Question n°19 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« Comment gérer les nuits (et donc les tétées nocturnes) à la maternité, notamment si le papa n’est pas là ? »

Les tétées nocturnes sont très souvent nombreuses durant le séjour à la maternité.

Lorsque je travaillais de nuit en maternité, les mamans me disaient souvent : « Je ne comprends pas. La nuit, mon bébé n’arrête pas de demander à téter alors que dans la journée, il n’en a pas du tout envie et je dois insister tout le temps pour qu’il tète ». 

Le bébé qui tète souvent le soir et la nuit est un bébé qui fait bien son travail de bébé. Il faudrait s’en réjouir et ne pas le percevoir comme une contrainte ou comme si son bébé « inversait le jour et la nuit ».

Cette notion de jour et de nuit ne va plus exister pendant quelques temps car le bébé n’a pas un rythme circadien (sur 24 heures) mais un rythme ultradien (sur moins de 20 heures). Et de plus, les nouveaux nés tètent souvent en mode « tétées groupées ». Sur une période de 24 heures, il y a donc des moments où ils vont beaucoup dormir, des moments où ils vont beaucoup téter, sans aucune cohérence apparente et sans aucun lien avec un rythme d’adulte. Et ceci est bien-sûr très perturbant et très fatigant lorsque l’on devient parent.

C’est aussi le soir et la nuit que le taux de prolactine est plus élevé dans le sang. Toutes les tétées nocturnes vont ainsi participer efficacement à la mise en place d’une lactation abondante.

Consciente de tout cela, la maman va devoir instaurer des phases de récupération pendant la journée. Aussi, il faut qu’elle arrive à trouver des plages de pause et de repos. C’est assez difficile à la maternité car il y a beaucoup de passages dans les chambres, des téléphones qui sonnent, des messages reçus pour prendre des nouvelles ou féliciter pour la naissance, des soins pour la maman, pour le bébé… Il y a donc finalement peu de moments où la maman est véritablement tranquille dans sa chambre. Mais, il faut absolument qu’elle essaye, dès qu’elle en a l’occasion, de fermer les yeux et s’assoupir quelques minutes en journée. Sans cela, la nuit, surtout si elle est toute seule, peut être effectivement assez compliquée.

Pour ces premières nuits, il est aussi important de se créer une petite ambiance sereine et douce dans la chambre. Les chambres de maternité sont des chambres d’hôpital, souvent avec des lumières agressives et peu de confort. Il peut donc être intéressant de :

  • Se prévoir une petite veilleuse pour les tétées de nuit,
  • Éteindre le téléphone et la télévision,
  • Rapprocher la table avec une bouteille d’eau, éventuellement une couche et une tenue de rechange pour bébé afin de ne pas avoir à se lever pour les changes.

Enfin, il est très important de veiller à avoir un environnement sécuritaire pour les nuits. La première étape consiste donc à monter les barrières du lit s’il y en a. Parfois, le lit en est équipé mais les mamans ne le savent pas et le personnel ne le leur montre pas. C’est dommage.

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Question n°20 sur la mise en place d’un allaitement efficace :

« Le lit de ma chambre n’est pas équipé de barrières latérales. Que puis-je faire ? »

Si le lit n’est pas équipé de barrières, il ne faut pas hésiter à solliciter les auxiliaires de puériculture qui sauront montrer à la maman comment s’installer (notamment pour la nuit) en sécurité avec son bébé.  

On peut par exemple faire un drap de sécurité en pliant un drap plat d’une certaine façon. C’est très facile à faire mais bien sûr, pour qu’il soit sécuritaire, il est très important de le faire correctement.

On peut mettre son bébé sur soi et placer son coussin d’allaitement tout autour de soi, pour stabiliser la position, caler les coudes… Le coussin d’allaitement et quelques coussins complémentaires sont donc à prévoir pour le séjour à la maternité. Rares sont les maternités qui mettent ce matériel à disposition des mamans. 

Enfin, il y a aussi des bandeaux de peau à peau qui sont très pratiques. Ils permettent de blottir le bébé contre soi et de faire en sorte qu’il ne puisse pas glisser. Si l’enfant veut téter, il est très facile de baisser le bandeau et de positionner l’enfant pour qu’il puisse prendre le sein correctement. Quand il a terminé, on peut ainsi le recentrer sur le torse et remonter le bandeau pour qu’il soit à nouveau en position sécuritaire pour dormir.

Le bandeau de peau à peau peut vraiment être un bon investissement ou une idée de cadeau pour une maman qui sait, par exemple, qu’elle sera toute seule à la maternité pendant les nuits.

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Merci beaucoup, Cécile. Aimeriez-vous ajouter quelque chose ?

Avec plaisir. J’aimerais profiter de cet entretien pour mettre en avant la profession d’auxiliaire de puériculture en maternité.

C’est un métier très exigeant et très difficile. Il exige d’être à l’écoute, de faire preuve d’une patience infinie et de peser chacun de nos mots et nos gestes afin de permettre aux mères et aux bébés de se rencontrer, d’apprendre à se connaître, de valoriser leurs compétences, de savoir prendre en compte les besoins du bébé et ceux de la maman (tout un art !).

Il faut faire preuve de beaucoup de disponibilités et de temps auprès de chaque famille malgré un ratio personnel /patient bien insuffisant, de nombreuses tâches afférentes très chronophages, des protocoles de service et des consignes avec lesquels on n’est pas forcément d’accord mais qu’on est tout de même obligés de respecter… 

Il y a un manque de formation sidérant des professionnels de santé exerçant en maternité sur l’accompagnement à l’allaitement. Et cela se ressent bien évidemment dans la qualité de la prise en charge des parents. Certes, c’est une réalité mais il faut aussi valoriser l’ensemble de leur travail. Ce sont des équipes qui travaillent énormément, avec passion et une vraie volonté de bien faire, malgré le manque de moyens, de temps, de formations, de connaissances et souvent de reconnaissance.

Dans ces conditions, il est donc difficile d’être toujours bienveillante et de laisser le temps nécessaire au bébé pour s’accrocher au sein.

En effet, un nouveau-né peut avoir besoin de plus de 30 minutes entre le moment où il est posé contre le sein et le moment où il va s’accrocher et commencer à faire des succions efficaces. L’observation de cette phase de recherche active par le bébé est fascinante mais elle est aussi très déstabilisante pour la maman qui peut facilement penser que son bébé n’a finalement pas très envie de téter ou qu’il ne va pas y arriver.

Par sa présence et des mots rassurants, le ou la professionnel(le) de santé va encourager la maman et le bébé dans ce processus mais malheureusement, il/elle n’en a pas toujours le temps. Et pourtant, il/elle voudrait s’assurer que le bébé va téter rapidement alors il arrive donc qu’il/elle ne laisse pas au bébé le temps de chercher et qu’il/elle accélère l’accroche en maintenant le sein de la maman et la tête du bébé, en mode « forçage ».

Cela peut être vécu très violemment

  • Pour la maman car ce n’est jamais agréable de se faire manipuler les seins par un professionnel de santé
  • Et pour le bébé dont on fragilise et bouscule la méthode d’apprentissage et que l’on contraint. 

Malheureusement, ces gestes peuvent mettre à mal tout l’allaitement et fragiliser la confiance de la maman en la laissant penser que sans l’aide et les gestes du professionnel de santé, elle n’y serait jamais arrivée. Et cela peut anéantir tout son esprit d’initiative.

Idéalement, ce qu’il faudrait faire, c’est dire à cette maman : « Vous voyez, votre bébé est en train d’essayer de téter. C’est très bien. Je vous laisse continuer tous les deux et je reviens dans un petit moment pour voir s’il a réussi à faire des succions efficaces ». Mais, ce n’est pas toujours ainsi que cela se passe.

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S’il ne devait y en avoir qu’un, quel serait votre meilleur conseil à l’attention des futures mamans qui se préparent à allaiter leur bébé à venir ?

Mon meilleur conseil serait d’avoir confiance en leur capacité d’allaiter et en leur corps. C’est le fondement de tout projet : y croire profondément. 

Et bien sûr, je leur dirais de mettre toutes les chances de leur côté en s’informant, en lisant des livres de références sur le sujet, en prenant un rdv prénatal avec une consultante en lactation, en participant à des ateliers en groupe au cours desquels des mamans allaiteront leur bébé et partageront leur expérience, en allant chercher l’information et en étant actrice de leur désir d’allaitement.

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Si vous disposiez d’une baguette magique, que changeriez-vous en France pour faire progresser les taux d’allaitement maternel ?

Si j’avais une baguette magique, je commencerais par faire respecter le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel qui a été signé par la France mais qui est malheureusement peu respecté dans notre pays.

L’OMS a mis en avant dans un rapport récent que 50% des futurs parents sont encore aujourd’hui exposés aux pratiques commerciales abusives des sociétés de préparations pour nourrissons.

Ensuite, ma deuxième action serait de prolonger le congé maternité pour les mamans qui le souhaitent. On conseille aux mamans d’allaiter six mois de manière exclusive mais quand on doit reprendre le travail à temps plein à deux mois et demi de vie de l’enfant, c’est un sacré challenge de maintenir un allaitement exclusif.

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Un petit mot sur VanillaMilk ?

Tout d’abord, merci de m’avoir donné la parole au travers de cette interview. C’est vraiment un honneur pour moi de participer à l’aventure VanillaMilk.

C’était important pour moi d’apporter ma pierre à l’édifice et de parler d’un sujet qui me tient à cœur sur la prévention de la perte de poids.

Pour moi, VanillaMilk, c’est le projet qui manquait à l’allaitement en France. C’est un projet que j’adore et que je soutiens depuis que j’en ai eu connaissance.

Il y a beaucoup de mamans qui se sentent très isolées pendant leur allaitement, qui ne savent pas à qui s’adresser pour obtenir de l’aide, des encouragements ou des réponses à leurs questions.

Il commence à y avoir de plus en plus de professionnels qui se forment de manière spécifique à l’allaitement, qui acquièrent des compétences et qui ont envie de les transmettre aux mamans. Le problème, c’est que les parents et ces professionnels-là ont du mal à se rencontrer.

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Notre invité(e)

Cécile Sérillon

Consultante en lactation certifiée IBCLC, Titulaire du Diplôme Universitaire en Allaitement Maternel & Auxiliaire de puériculture

Cécile Sérillon
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