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Ostéopathie et allaitement maternel

Quels liens existe-t-il entre ostéopathie et allaitement maternel ? Comment cette discipline qui fait de plus en plus parler d’elle peut-elle aider une maman et son bébé dans leur parcours d’allaitement ? Quand faut-il consulter ? Comment se déroule une consultation ?…

Dans cet article passionnant, Déborah Alvar, ostéopathe spécialisée en pédiatrie et passionnée d’allaitement, nous présente sa profession et nous dit tout ce qu’il est important de savoir dès la grossesse pour un accompagnement de la maman et du bébé aux petits soins.

Bonjour Déborah et merci d’avoir accepté cet échange.
Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Ostéopathie - Deborah AlvarBonjour ! Je m’appelle Déborah Alvar. J’ai 28 ans, je suis ostéopathe diplômée depuis 2016 et j’exerce dans le sud-est de la France, près d’Aix-en-Provence.

Je suis la maman d’un petit garçon qui va bientôt avoir 3 ans et qui est toujours allaité. J’ai connu de nombreuses difficultés au début de mon allaitement, d’où mon souhait d’aider les mamans qui le souhaitent à allaiter leurs enfants.

Aujourd’hui, je reçois tous types de patients mais il est vrai qu’au fil du temps, de mes formations et surtout par goût, ma patientèle est aujourd’hui majoritairement liée à la périnatalité. Je m’occupe donc essentiellement de nouveau-nés, de nourrissons, d’enfants, de femmes enceintes ou en post-partum. 

En quelques mots, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est l’ostéopathie ?

L’ostéopathie est une médecine naturelle qui s’intéresse à l’ensemble du corps et dont le but est de rétablir l’équilibre

Il s’agit d’identifier les restrictions de mobilité qui peuvent toucher toutes les structures du corps humain par des tests spécifiques et les corriger grâce à des manipulations.

En plus de votre formation initiale d’ostéopathe, vous avez suivi une ou plusieurs formations complémentaires qui vous permettent de prendre en charge les nourrissons. Pourriez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

La formation initiale d’ostéopathe offre les bases pour traiter les nourrissons, mais c’est un domaine tellement vaste et à part entière qu’il faut se former et acquérir de l’expérience petit à petit pour être vraiment performant. Pour ma part, je suis des formations théoriques puis pratiques. 

Les formations théoriques, je les suis à distance auprès de sages-femmes, consultantes en lactation, médecins… Elles me servent surtout à en apprendre davantage dans des domaines précis pour donner de bons conseils aux parents et savoir quand réorienter ou non vers un autre professionnel de santé.

Les formations pratiques sont souvent dispensées sous formes de séminaires de plusieurs jours, avec des ostéopathes qui ont une expérience significative dans la périnatalité et qui viennent nous apporter des connaissances plus techniques.

Chaque année, je suis à peu près trois ou quatre formations, selon leur durée. Cette année par exemple, j’ai suivi des formations sur la plagiocéphalie, la digestion et le sommeil des nouveau-nés et je suis en train d’en terminer une autre sur les freins restrictifs buccaux. 

Y-a-t-il un âge minimum (ou des contre-indications) pour qu’un bébé suive des séances d’ostéopathie ?

Non, il n’y a pas d’âge minimum pour la première consultation en ostéopathie. Preuve en est, il y a même des ostéopathes présents en maternité. Selon moi, plus tôt on peut s’occuper du nourrisson, mieux c’est, car cela pourra éviter à certaines dysfonctions ostéos de se figer et d’être plus difficiles à traiter par la suite.

Il y a quelques années, je regrettais de ne voir les bébés qu’aux alentours de 3 semaines ou 1 mois et je me suis demandée pourquoi. En fait, il s’avère que, pour les jeunes parents, les premières sorties avec bébé sont un peu stressantes. Aussi, je propose désormais des consultations à domicile pour les nouveau-nés, dès leur retour de la maternité

Et cette prise en charge précoce est souvent primordiale, surtout lorsqu’il y a des difficultés d’allaitement. Une maman allaitante qui a mal ne va pas attendre un mois. Alors que si on parvient à l’aider et régler le problème dès le sixième ou le septième jour, elle pourra continuer à allaiter sans problème.

En ce qui concerne les contre-indications strictes, il y en a peu. Elles peuvent concerner des fractures, des pathologies médicales… Dans le doute, il est toujours préférable de contacter son médecin traitant ou sa sage-femme pour avoir leur avis. 

Et bien-sûr, il y a d’autres contre-indications qui sont plus « relatives » selon moi, c’est-à-dire un enfant qui est malade, qui a de la fièvre, qui vient de recevoir un vaccin… Dans ces cas-là, on va éviter de l’embêter encore davantage. Sans parler de l’enfant qui refuse la consultation bien-sûr.

Comment se déroule une consultation avec un tout jeune nourrisson ?

Je vais commencer par une longue discussion avec les parents. Je vais poser beaucoup de questions qui vont me permettre de faire un diagnostic différentiel pour savoir si ce bébé n’a pas de troubles qui nécessitent que je le réoriente vers son médecin. Mais surtout, cet échange va me permettre d’avoir une première idée de ce que je vais pouvoir faire pour l’aider. 

Je pose des questions sur la grossesse, sur l’accouchement. Je consulte le carnet de santé, la courbe de poids. Je pose des questions sur le sommeil du bébé, ses pleurs, son transit. S’il y a allaitement, je fais un interrogatoire plus spécifique pour savoir comment celui-ci se passe et ce qu’on peut éventuellement améliorer. Pendant tout ce temps, il est aussi primordial d’en profiter pour observer le bébé : sa position, ses mouvements, ses comportements…

Ensuite, on passe à la « pratique ». Je me présente tout en l’observant. Je lui explique ce qui va se passer en regardant s’il m’entend bien, s’il suit mon regard, s’il tourne bien la tête d’un côté et de l’autre… le plus possible dans le jeu. Puis, en lui demandant sa permission, je vais venir tester toutes les zones de son corps et traiter les zones de restriction que j’aurais trouvé lors de mes tests, avec des techniques très douces mais ciblées.

Ce qui est important lors d’une consultation avec un tout jeune bébé, c’est vraiment de s’adapter. Si le bébé a faim, il va vouloir téter ou prendre le biberon. S’il a besoin d’être changé, on va bien-sûr permettre au parent de le changer. S’il manifeste un inconfort, on va essayer de changer sa position, de le traiter dans les bras de ses parents par exemple. Le but est que la séance soit un moment agréable et serein pour tout le monde.

Quel lien peut-on établir entre ostéopathie et allaitement ? Comment l’ostéopathie peut-elle aider les nourrissons dans leur apprentissage de la tétée ?

Sur le papier, l’allaitement est tout ce qu’il y a de plus naturel et d’inné. Mais, au final, c’est assez technique. Comme le dit une consultante en lactation IBCLC dont je suis actuellement la formation, la triade « aspiration – déglutition – expiration » qui est nécessaire à l’allaitement fait intervenir 60 muscles, 22 os, 34 articulations et 6 nerfs crâniens. Aussi, on comprend bien que l’allaitement peut être complexe et nécessiter une prise en charge multidisciplinaire

En ostéopathie, on va venir traiter les restrictions de mobilité chez le nouveau-né, ce qui va vraiment faciliter et favoriser une bonne succion, essentielle à la conduite d’un allaitement. On va également travailler sur la mobilité globale du bébé, sur sa bonne posture ou ses troubles digestifs. On va vraiment l’aider à prendre le sein de manière optimale

Et qui dit bonne succion et bonne prise du sein dit aussi absence de douleurs pour la maman, stimulation correcte en adéquation avec les besoins du bébé et donc une bonne prise de poids, moins de problèmes digestifs, etc. 

On peut aussi intervenir dans une prise en charge pluridisciplinaire quand le bébé a par exemple un frein restrictif buccal, en assurant un suivi pré et post-frénectomie, ou un torticolis congénital qui l’empêche de prendre le sein correctement…

Auriez-vous des cas concrets à partager ?

Il y a des cas plus ou moins classiques de restriction de mobilité qu’on va pouvoir traiter en ostéopathie pour une meilleure mise place de l’allaitement.

Par exemple, dans le cas d’un bébé qui est né avec le cordon ombilical autour du cou. Cela peut entraîner des restrictions au niveau de l’os hyoïde qui est un os sur lequel s’attachent quelques muscles et fascia de la langue. Le bébé ne réussira alors pas à bien avancer et sortir celle-ci. Cela peut être très douloureux pour la maman puisque le sein ne sera pas correctement stimulé. En réglant ce type de dysfonctions-là, on va aider le bébé à mieux téter.

Autre exemple, si le bébé est né avec des instruments (ventouse, spatules, forceps), cela va entraîner des tensions au niveau des os de son crâne et va rendre la succion plus compliquée.

Idem pour un bébé qui est né « par la face » et qui regardait donc vers le haut quand il est sorti, il y aura beaucoup de tensions à libérer au niveau des os de son visage et de son palais.

Enfin, il y a aussi le cas très classique et fréquent d’une maman allaitante qui a mal à un seul sein, qui souffre d’une crevasse à un seul sein. Très souvent, on s’aperçoit que le bébé a un côté préférentiel de rotation de tête, c’est-à-dire qu’il éprouve des difficultés à tourner sa tête d’un côté en particulier. Aussi, il prendra moins bien le sein du côté en question.

Est-il utile pour une future maman de consulter un ostéopathe durant sa grossesse ? Cela peut-il faciliter la mise en place d’un allaitement maternel ?

Je conseille généralement aux futures mamans de réaliser une séance d’ostéopathie par trimestre puis une après l’accouchement

Pendant la grossesse, on ne va pas travailler sur le bébé dans l’utérus mais on va traiter les restrictions de mobilité de la maman. Ceci va permettre à l’enfant d’être plus mobile dans le ventre de sa mère et donc d’être moins sujet à des dysfonctions lors de sa naissance.

Au minimum, je conseille toujours de faire une séance à 37 semaines d’aménorrhée afin de préparer le bassin et le corps et contribuer à faciliter l’accouchement. On augmente les chances d’avoir un accouchement plus physiologique, ce qui pourra aussi être un atout pour que le bébé puisse bien téter dès la naissance.

Lorsque les débuts sont difficiles, combien de consultations sont en général nécessaires pour résoudre des problèmes d’allaitement ?

Cela va dépendre de la raison des débuts difficiles. S’il s’agit seulement de restrictions de mobilité comme on en a parlé un peu plus haut, une séance voire parfois deux peuvent suffire

En revanche, si on parle d’un cas un peu plus difficile comme un torticolis, un frein restrictif ou un bébé qui est né avec une posture complètement dysfonctionnelle (comme, par exemple, ce qu’on appelle en ostéopathie le « syndrome du bébé moulé »), il va falloir compter plusieurs séances et surtout une prise en charge pluridisciplinaire avec la consultante en lactation, le médecin, l’ORL, le kinésithérapeute, l’orthophoniste…

Selon vous, en France, l’ostéopathie est-elle suffisamment identifiée comme solution possible à des problèmes d’allaitement ?

Pour ma part, la plupart des patients que je vois dans le cadre de problèmes d’allaitement me sont envoyés par des sages-femmes, et même certains médecins aussi… J’ai l’impression qu’on en parle de plus en plus dans les maternités. J’ai beaucoup de mamans qui viennent me voir en me disant « à la maternité, on m’a conseillé d’aller voir un ostéopathe car mon bébé est né par césarienne, ou avec des instruments… ». 

Cela reste encore à petite échelle pour l’instant mais c’est assez encourageant !

S’il ne devait y en avoir qu’un, quel serait votre meilleur conseil à l’attention des futures mamans qui se préparent à allaiter leur bébé à venir ?

J’ai deux conseils qui sont pour moi d’égale importance :

Le premier, c’est de se faire confiance de manière générale, de faire confiance à son corps car il sait très bien faire son travail, et de ne pas douter de ses capacités.

Et le deuxième, c’est de s’entourer de professionnels qui sont vraiment formés en allaitement maternel et qui sont bienveillants. Être suivie par une consultante en lactation IBCLC va vraiment faciliter les choses. Se dire que même si au début il y a des problématiques, il y a aussi toujours des solutions. Donc ne jamais prendre les premières difficultés d’allaitement comme une fatalité.

Si on consulte les bons professionnels, on peut bénéficier de vrais conseils et solutions.

Si vous disposiez d’une baguette magique, que changeriez-vous en France pour faire progresser les taux d’allaitement maternel ?

J’informerais mieux les professionnels et les gens pour changer le regard sur l’allaitement et pour aider réellement les femmes en difficulté. Le simple fait d’orienter les parents vers les bonnes personnes est important. 

On n’est pas obligés de tout savoir sur tout, chacun a son domaine de compétences, chacun a ses points forts. En tant que professionnel, il faut savoir être humble et dire quand on ne sait pas pour orienter vers d’autres personnes

Un petit mot sur VanillaMilk ?

Je trouve que c’est top ! J’avais par exemple découvert l’initiative du réseau des lieux “Allaitement bienvenu” en rentrant de mon congé maternité et je m’étais tout de suite inscrite.

VanillaMilk, c’est une mine d’or en termes d’informations et une plateforme qui aide à trouver des professionnels formés près de chez soi.

Retrouvez Déborah Alvar :

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